À Paris La Défense Arena

La Champions Cup est un objectif régulièrement affiché par le Racing 92, finaliste malheureux à trois reprises (2016, 2018, 2020). Mais cette nouvelle campagne a d’entrée pris du plomb dans l’aile, avec ce revers à Paris La défense Arena face aux Harlequins (28-31). Une première mi-temps apathique, un sursaut en deuxième, avant de replonger pour laisser filer le match. Le club des Hauts-de-Seine, bien trop inconstant, peut s’en vouloir. «Les Harlequins étaient vraiment au-dessus de nous en première mi-temps, constate le manager anglais Stuart Lancaster. En seconde période, on était mieux stratégiquement mais on a encaissé des essais faciles, la faute à beaucoup de plaquages manqués.»

Dans une compétition qui donne la part belle au jeu, les Racingmen ont été dépassés par la vitesse d’exécution et le flamboyant réalisme de la bande à Marcus Smith, auteur d’un match remarquable de maîtrise et d’efficacité. «C’est un joueur vraiment spécial, a salué son troisième ligne et capitaine Alex Dombrandt. Il peut créer quelque chose à partir de rien. L’avoir dans notre équipe nous donne beaucoup de confiance. C’est un grand joueur et on a de la chance de l’avoir.» Le demi d’ouverture international du XV de la Rose s’est régalé sur la pelouse synthétique de l’Arena, claquant même un impeccable drop de 45 m avant la pause.

En face, le club altoséquanais, pourtant leader du Top 14, a joué en réaction. Courant après le score puis incapable de le conserver une fois qu’il était acquis. Siya Kolisi et ses coéquipiers menaient en effet 28-17 à l’heure de jeu. Mais ils se sont effondrés face aux assauts londoniens. «Notre plan de jeu est de pratiquer le rugby qui est le nôtre, à savoir un rugby expansif, où ça joue et ça attaque, mais nous avons aussi été rigoureux sur les bases», raconte Alex Dombrandt. Du côté des Franciliens, est revenu à la surface ce problème récurrent, cette saison, des entames de match ratées, passives. «On a vu sur les derniers matches qu’on a du mal à commencer nos rencontres, acquiesce le troisième-ligne francilien Wenceslas Lauret. On revient toujours dans la partie mais je pense qu’il faut prendre les matches par le bon bout et bien commencer pour mettre la pression à nos adversaires.»

Le manque de maîtrise du Racing a été flagrant. «Les meilleures équipes, et les Harlequins en font partie, aiment nous tester et ils nous ont poussés à commettre des erreurs défensives. Ça nous montre ce sur quoi on doit encore progresser», insiste Stuart Lancaster. Déjà, la saison dernière, les Harlequins étaient passés tout près de la victoire à Nanterre, ne s’inclinant que 30-29 dans un match déjà complètement foufou. «Nous avions prévu qu’ils allaient venir avec un état d’esprit offensif. C’est ce qu’il s’était passé la saison dernière : ces joueurs aiment l’attaque, constate le centre fidjien Francis Saili. Nous n’avons pas été assez agressifs en défense et cela a donné des espaces à des joueurs comme Marcus Smith pour casser nos lignes.»

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La semaine va être courte et il va vite falloir basculer sur un match déjà capital – quasiment à la vie à la mort – samedi soir à Belfast contre l’Ulster, qui lui aussi a trébuché d’entrée face à Bath. Un deuxième revers condamnerait quasiment les Ciel et Blanc. Méthode Coué, Stuart Lancaster tente de positiver : «Au final, on ne s’en sort pas trop mal avec ces deux points de bonus (offensif et défensif) mais il va falloir maintenant qu’on aille gagner à Belfast.» Une terre hostile où les clubs français ont rarement triomphé. «Ça va être un match pour rester en vie, plante «Wen» Lauret. Eux comme nous, on a tout à jouer si on veut rester dans la compétition. Si on veut se qualifier, il faut gagner ce match.» Le Racing devra, une chose est sûre, montrer un tout autre visage, plus conquérant, moins attentiste. Sous peine de voir ses ambitions en Champions Cup s’arrêter dès la deuxième journée. Ce qui serait un premier échec pour le nouveau Racing version Lancaster.