Désespérant. Devenu actionnaire majoritaire de l’Olympique lyonnais il y a un an, John Textor n’a eu de cesse, aussi bien par sa suffisance que sa communication maladroite (pour ne pas dire plus), d’entretenir le flou autour de son projet, tirant de la sorte la formation rhodanienne vers le bas. Au grand dam de nombreux supporters des Gones.
Premier (gros) couac : le passage devant la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG). Début juillet, le gendarme financier du football français sanctionne l’Olympique lyonnais d’un «encadrement de la masse salariale des joueurs sous contrat et des indemnités de mutations y figurant au titre de la saison 2023-2024». Un vrai coup dur pour l’homme d’affaires américain qui affirmait vouloir grandement améliorer l’effectif lyonnais durant le marché des transferts. «Bienvenue en France…», réagit-il assez rapidement. Cette décision est aussi un véritable camouflet pour celui qui n’avait pas hésité, quelques semaines plus tôt, à écarter Jean-Michel Aulas de la présidence du club en raison de profonds désaccords et d’une guerre d’égos…Or ce même «JMA» – qui n’est pas étranger au déclin de l’Olympique lyonnais, soulignons-le –, habitué à ce type de rendez-vous, avait monté un dossier dans lequel figuraient plusieurs ventes et notamment celle de Castello Lukeba. Mais John Textor, sans doute par excès de confiance – certains diront par arrogance – avait estimé pouvoir se passer de l’expérience de l’ex-dirigeant rhodanien…et avait assuré qu’il n’avait aucunement l’intention de se séparer de ses meilleurs éléments dont ses jeunes talents à la valorisation importante. Sauf qu’après la confirmation de la décision de la DNCG, et confronté à une situation financière (très) délicate, il avait finalement été contraint de séparer de…Castello Lukeba (RB Leipzig) et Bradley Barcola (Paris SG). Tout ça pour ça…Cette suffisance – qui a eu de lourdes conséquences sur le recrutement lyonnais –, John Textor ne l’a pas reconnue tout de suite. Il lui a fallu du temps. «Maintenant, on sait comment s’y préparer. On a beaucoup appris lors de notre premier passage», admettait-il fin novembre, après un nouveau passage devant le gendarme financier du football français. Tout est dit.
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Autre (gros) couac : le départ et la succession de Laurent Blanc. Après une deuxième partie d’exercice 2022-2023 remarquable, le «Président» est conforté à son poste par John Textor. Assez surprenant tant l’Américain aime imprimer sa patte dans l’organigramme des clubs qu’il reprend (Botafogo FR, RWD Molenbeek). Sauf qu’à la mi-septembre, mécontent des résultats du club, l’homme d’affaires âgé (à l’époque) de 57 ans décide de se séparer du champion du monde 1998…après seulement quatre (petits) matches. Le sens du timing, sans doute. Certes, les résultats – un nul, trois revers – n’étaient pas au rendez-vous. Mais il aurait sans doute été plus judicieux d’écarter l’entraîneur français avant l’été pour construire quelque chose de solide au cours de l’intersaison avec un nouveau technicien et un recrutement adapté aux besoins de ce dernier. D’ailleurs, John Textor a (aussi) reconnu son erreur : «Avec du recul, ma principale erreur est de n’avoir pas changé d’encadrement dès cet été», déclarait-il dans un entretien accordé au Monde, à la mi-décembre. Tout est dit (encore une fois). Et la suite n’est guère plus reluisante. Fabio Grosso, préféré à Gennaro Gattuso, ne fait pas mieux que son prédécesseur…et est mis à pied à la fin novembre. Pour le remplacer, plusieurs noms sont annoncés : Bruno Génésio, Jorge Sampaoli ou encore Igor Tudor. Trois entraîneurs dont les profils sont très différents…Difficile par conséquent de comprendre les intentions de «JT». Finalement, Pierre Sage, dont l’intérim s’avère concluant, est prolongé sur le banc lyonnais. Pour combien de temps ?
Plus généralement, on a le sentiment que John Textor n’a pas de vision claire pour l’Olympique lyonnais…Qu’il fait «joujou» avec pour servir les intérêts d’Eagle Football (sa société). Les différentes opérations (prêts, transferts) entre «ses» clubs (Jeffinho, Ernest Nuamah, Jake O’Brien, Jeff Reine-Adélaïde etc.) le laissent penser. Tout comme son implication plus importante du côté du Brésil (Botafogo FR) ou encore son ambition de racheter une formation portugaise. Mais peut-être qu’il n’en est rien et qu’il lui faut seulement plus de temps pour mettre en place sa stratégie. On devrait en savoir davantage dans les prochains mois. Le maintien de Pierre Sage, au poste d’entraîneur, semble aller vers plus de sérieux et de cohérence. Il était temps…