Durant les fêtes de fin d’année, la rédaction des sports du Figaro vous livre une série sur les personnalités qui ont agacé en 2023. Pour des raisons diverses et variées.
Le rêve des Bleus s’est brutalement arrêté. Dès les quarts de finale de «leur» Coupe du monde, face à l’Afrique du Sud future championne. Une défaite frustrante, perdu d’un seul petit point, au terme d’une rencontre cadenassée où Antoine Dupont et ses coéquipiers ont trop facilement donné des munitions aux Boks. L’une des tactiques déployées par Rassie Erasmus et son staff était simple : abuser du jeu au pied sur les ailiers tricolores. Et ça a marché sur les deux premiers essais sud-africains. Trop réducteur ? En tout cas pour Fabien Galthié, cette défaite n’est pas logique : elle ne correspond pas aux datas, les données chiffrées du match.
Il aura fallu attendre 24 jours après cette élimination pour que le sélectionneur tricolore revienne, devant la presse, sur cet échec. Et d’asséner sans sourciller : «Sur le plan tactique et stratégique, si c’était à refaire, je referais la même chose, absolument la même.» Ah bon ? Et on perdrait encore ? Et de poursuivre : «Selon les datas, on aurait dû marquer 37 points. Nous en avons marqué seulement 28. Quand, sur des données, vous êtes en capacité de marquer 37 points, face à l’Afrique du Sud, c’est que tactiquement, vous ne vous êtes pas trompé sur un plan offensif.»
Problème : dominer n’est pas gagner, ce ne sont pas les chiffres qui gagnent les matches, ils donnent une tendance mais pas le reflet exact d’une rencontre. Et le sacre de l’Afrique du Sud, victorieuse d’un seul petit point de ses trois matches vers le doublé mondial, montre une chose : seule la victoire compte. Peut-on chiffrer la force mentale de ces Boks ? L’ouvreur Handré Pollard avait un jour déclaré : «C’est bien beau de marquer des essais, mais on ne se souvient que de l’équipe qui gagne.» Le fameux «win ugly» (victoire moche) des Anglo-Saxons.
Les justifications plutôt lunaires de Fabien Galthié ont immédiatement fait réagir. À commencer par quelques anciens internationaux, dont Richard Dourthe qui a joué aux côtés du sélectionneur tricolore. L’ancien trois-quarts centre au caractère toujours volcanique n’a pas mâché ses mots sur Canal : «Stratégiquement et tactiquement, il s’est fait manger par Rassie Erasmus et Jacques Nienaber parce qu’ils ont prévu tout ce qu’il s’est passé. Ils ont fait rentrer Kwagga Smith, Handré Pollard pour soit gérer le match ou ralentir la France s’ils perdaient. Et c’est ce qu’il s’est passé, on s’est fait manger !» Et de vitupérer : «Je pense que Fabien Galthié prend les gens pour des cons. Tous les gens l’adorent, c’est parfait, mais ils éludent tous les points qui nous intéressent vraiment, à savoir pourquoi on a perdu ? Pourquoi il y a eu autant de blessés ? Il enfume tout le monde avec ses datas et ce n’est pas respecter les gens qui aiment le rugby.»
Des violentes critiques qui ont amené Fabien Galthié à réagir. Mais toujours sur la même ligne. Pas déviée d’un iota. «J’entends ce débat sur les datas, qui est devenu presque caricatural», a-t-il expliqué à Midi Olympique. Revêche, l’ancien demi de mêlée souligne que, sous ses ordres, les Bleus ont remporté 80% des matches contre 33% quand Guy Novès était aux commandes. Mais il persiste et signe : «Travailler avec l’analyse, c’est être intelligent. En rugby, il faut l’être, individuellement et collectivement. (…) On ne peut pas nous reprocher d’essayer d’être intelligents.» Être intelligent, c’est peut-être arriver à gagner le premier match éliminatoire de «sa» Coupe du monde.