C’est un peu comme un marathon semé d’embûches et, à l’approche du dernier kilomètre, à moins de soudain apprendre à voler, l’Olympique de Marseille sait qu’il n’atteindra pas l’objectif qu’il s’était. Il en sera loin même. Il y a huit mois, il visait le podium en Ligue 1, comme la saison dernière, tout en espérant passer les barrages de Ligue des champions. Il n’aura réussi ni l’un ni l’autre. L’OM, 8e de L1, est à dix points du top 4, et espère encore se consoler par une épopée en Ligue Europa.
En championnat, l’élastique a fini par casser. Comme ses rivaux n’avançaient pas très vite non plus, Marseille a longtemps espéré que son parcours chaotique ne l’empêcherait pas d’atteindre le top 4 et la Ligue des champions. Mais un nouveau revers vendredi dernier à Lille (3-1) a établi l’évidence : la marche est bien trop haute pour cet OM.
«Mon sentiment ? De la colère. Malgré une saison en dents de scie, on pouvait encore espérer quelque chose sur ces six derniers matches. Mais on leur a donné le match, on n’a fait que des cadeaux, on a manqué des buts… On a été nuls», a résumé l’entraîneur marseillais Jean-Louis Gasset, rattrapé comme Gennaro Gattuso avant lui par les faiblesses d’un effectif fragile et mal conçu.
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Le naufrage lillois laisse donc Marseille à la 8e place, avec les 5e, 6e et 7e positions, celles des strapontins européens, comme derniers objectifs à sa hauteur. Alors que l’OM a toujours joué l’Europe lors des quatre dernières saisons, la situation est donc très préoccupante et la fin d’exercice pourrait venir sanctionner un club qui a navigué de crise en crise cette année et a laissé tous ses entraîneurs sans solution.
Dans ces conditions, et alors qu’on ne sait toujours pas si les supporters marseillais seront autorisés à assister au match jeudi au Stade de la Luz, le duel avec Benfica fait désormais office de dernier vrai motif d’espérance. Car la Ligue Europa a offert à l’OM ses seules satisfactions de la saison et car le club de Lisbonne, secoué par Toulouse lors des barrages en février, ne traverse pas non plus une période particulièrement faste. Le SLB a été éliminé de la Coupe du Portugal par le Sporting le 2 avril, avant de s’incliner chez son rival lisboète samedi dernier (2-1), le laissant ainsi filer vers le titre.
L’histoire pourtant n’est pas du côté de l’OM, avec une élimination contre Benfica en 8e de finale de la C3 en 2010 et, surtout, la fameuse demi-finale de Coupe d’Europe des clubs champions en 1990, marquée par la main de Vata et une élimination cruelle à quelques minutes d’une finale européenne. 34 ans plus tard, la perspective d’une finale semble encore très lointaine, ne serait-ce que parce qu’en cas de succès contre Benfica, il faudrait encore élever le niveau d’un ou plusieurs crans contre l’Atalanta Bergame ou Liverpool en demie.
Mais au-delà d’une très improbable victoire finale qui ouvrirait aux Marseillais la porte de la Ligue des champions, les deux matches à venir contre les Portugais doivent au moins permettre d’éviter un dernier mois de compétition désagréable, alors que l’ambiance déjà tendue autour du club pourrait virer au franchement délétère.
La tâche ne sera pas facile. Depuis un laborieux succès contre Nantes (2-0), l’OM reste en effet sur quatre défaites consécutives avec 10 buts encaissés et deux seulement inscrits, l’un par Jonathan Clauss tout au bout d’un match de grande trouille à Villarreal (3-1) et l’autre, involontairement, par Pierre-Emerick Aubameyang à Lille.
Surtout, les blessures à répétition de joueurs-cadres continuent à empoisonner la vie de l’OM et de Gasset. «Sur les 18 qui étaient là ce soir, six ne sont pas qualifiés pour la C3. Mon seul espoir, c’est Chancel Mbemba qui pourra peut-être jouer à Lisbonne», a ainsi regretté l’entraîneur marseillais vendredi. «Je l’ai dit aux joueurs. On a été nuls, mais c’est avec ce groupe qu’on ira à Lisbonne», a-t-il ajouté.
«Il faut arrêter de se cacher derrière le nombre de blessés. On a un effectif conséquent», a de son côté jugé le milieu de terrain Jordan Veretout, qui a promis une réaction. «Maintenant il faut élever notre niveau car c’est trop insuffisant. Si on joue comme ça en Ligue Europa, on va se faire sortir.»