Le juge d’instruction chargé de l’enquête en Espagne sur le baiser forcé imposé à la joueuse Jenni Hermoso par Luis Rubiales a demandé jeudi le renvoi en procès de l’ex-patron du football espagnol, aux côtés notamment de l’ex-sélectionneur de la «Roja» féminine Jorge Vilda.
Au terme de son enquête, le juge Francisco de Jorge a estimé que le baiser de Luis Rubiales n’avait «pas été consenti», et que Jorge Vilda avait effectué des «pressions» sur la joueuse espagnole pour étouffer l’affaire, a souligné dans un communiqué le tribunal de l’Audience nationale.
Cette décision peut encore l’objet d’un appel et ne garantit donc pas encore que Luis Rubiales comparaîtra devant un tribunal pour le fameux baiser du 20 août, qu’il a donné par surprise à la numéro 10 de l’équipe nationale d’Espagne après sa victoire en Coupe du Monde.
Le baiser «n’a pas été consenti, et il s’agit d’une initative unilatérale, faite par surprise», indique le juge dans le document judiciaire marquant la fin de son enquête.
«La finalité érotique ou non, tout comme l’état d’euphorie et d’agitation ressenti à la suite du triomphe sportif extraordinaire sont des éléments dont la conséquence et les conséquences juridiques doivent être appréciées lors du procès», estime-t-il encore alors que Luis Rubiales avait évoqué dans sa défense son émotion, «un moment de bonheur, une grande joie à ce moment-là», démentant toute «connotation sexuelle».
Mais il précise que ce baiser sur la bouche «affecte la sphère de l’intimité réservée aux relations sexuelles, notamment dans le cadre de deux adultes».
En plus de Luis Rubiales, le magistrat demande à ce que soit jugé le directeur sportif de l’équipe masculine, Albert Luque, l’ancien entraîneur de l’équipe féminine Jorge Vilda ainsi que l’ancien directeur marketing de la Fédération Rubén Rivera pour «les pressions» exercées ultérieurement sur la joueuse.
Il estime qu’il existe des indices de l’existence d’une action concertée des trois, convenue avec Luis Rubiales «pour briser la volonté de Jennifer Hermoso Fuentes et l’amener à accepter d’enregistrer une vidéo dans laquelle elle disait que le baiser avait été consenti».
Inculpé d’«agression sexuelle» et de délit de «coercition», Luis Rubiales a interdiction de s’approcher à moins de 200 mètres de la joueuse.
Refusant de démissionner pour «un petit bisou consenti», il avait attaqué, lors d’un discours retentissant cinq jours plus tard, un supposé «faux féminisme» et argué qu’il avait obtenu l’autorisation de la joueuse avant de l’embrasser.
Sous la pression, Rubiales avait fini par démissionner le 10 septembre, se disant victime d’une «campagne disproportionnée». Il a depuis été suspendu pour trois ans de toute activité liée au football par la Fifa, une décision dont il va faire appel.