À l’Adidas Arena de Paris
Ronan Labar et Lucas Corvée exultent. La paire tricolore, 36e mondiale, vient d’écarter au bout du suspense les Indonésiens Hendra Setiawan et Mohammad Ahsan, 13e mondiaux, au premier tour des Internationaux de France (19-21, 21-17, 21-19).
Arnaud Merklé (46e mondial en simple homme) et Tom Gicquel (13e mondial en double mixte) s’approchent sourire au lèvre de leurs deux compatriotes pour venir les féliciter. Et il y a de quoi, puisque les deux Français, de 34 (pour Ronan Labar) et 30 ans (pour Lucas Corvée) viennent de créer un petit exploit face à des joueurs très expérimentés, qui les avaient battus à deux reprises (aux championnats du monde 2022 et à l’Open d’Angleterre en mars 2023).
Une victoire qui leur permet de marquer de précieux points dans la course aux Jeux olympiques. Une course dans laquelle ils se battent à distance avec la paire tricolore composée des deux frères Christo et Toma Junior Popov, numéro un et deux Français en simple, mais distancés d’un peu plus de 3000 points au classement de double. «Je m’entraîne avec eux au quotidien», commençait Ronan Labar. «On s’entraîne ensemble malgré le fait qu’on ait une rude concurrence pour la qualification olympique. L’état d’esprit est super, on se pousse et on se souhaite le meilleur… Mais plus on se rapproche du “cut”, plus inconsciemment, on espère qu’ils ne vont pas gagner un match de plus que nous, exposait le plus âgé du tandem. Mais c’est hyper sain, l’ambiance est très bonne.»
Bien qu’ils jouent ensemble à l’année, Ronan Labar et Lucas Corvée ne s’entraînent pas ensemble. Le premier joue pour le club d’Aix-en-Provence mais s’entraîne régulièrement à Fos-sur-Mer avec les Popov, comme il le racontait au Figaro, et le second a opté pour des entraînements à l’INSEP. Cela n’empêche aux deux joueurs, qui avaient décidé de s’associer après la pandémie de Covid-19, de se connaître et performer ensemble.
Peu médiatisés, en comparaison avec les frères Popov, Ronan Labar et Lucas Corvée comprennent l’intérêt que portent les médias aux deux «stars» du badminton français et s’en réjouissent : «Moi, ça me passe complètement au-dessus pour être honnête» avoue Ronan Labar, à propos du peu d’intérêt que leur accordent les médias. «On n’est pas de la même génération, aujourd’hui il faut être présent sur les réseaux sociaux, dans les médias… Et ce n’était pas forcément le cas il y a plusieurs années. Moi, ce n’est pas ma tasse de thé donc je n’ai aucun regret là-dessus, et, au contraire, je trouve ça très bien qu’ils soient médiatisés. C’est très bien qu’il y ait de plus en plus de journalistes, que le badminton attire de plus en plus et j’espère qu’ils auront une belle carrière», continue-t-il, sous l’approbation de son partenaire.
La qualification pour les Jeux olympiques n’est pas encore garantie pour eux. Ils doivent encore participer à cinq tournois et ne sont pas à l’abri d’un bouleversement dans le classement mondial, même si, pour le moment, ils mènent la danse. L’objectif ultime du tandem tricolore est clair : conclure leur collaboration après les Jeux olympiques. Ronan Labar «arrêtera sa carrière après, c’est clair», et Lucas Corvée laisse planer le mystère.
En huitièmes de finale à Paris, la paire tricolore affrontera les Danois Astrup/Rasmussen (4e mondiaux) ou leurs compatriotes Lundgaard/Vestergaard (35e mondiaux).