Contrôlé en juillet dernier positif à un stimulant, le sprinteur français Mouhamadou Fall a plaidé la contamination accidentelle via des compléments alimentaires, mercredi devant la commission des sanctions de l’Agence française de lutte antidopage (AFLD) à Paris.

Fall avait été contrôlé positif à l’heptaminol le 28 juillet 2023 lors des Championnats de France d’athlétisme, jour de son sacre sur 100 m. Ce contrôle fait planer la possibilité d’une sanction de deux ans pour cette substance interdite, ce qui ruinerait les espoirs de JO du sprinteur, membre de l’équipe du relais 4×100 m, sixième aux Mondiaux de Budapest en 2023.

En chemise blanche et représenté par ses trois avocats maîtres Christophe Ayela, Vincent Champetier et Romain Vanni, le sprinteur de 32 ans a présenté à l’AFLD un rapport selon lequel ce résultat anormal d’analyse (RAA) serait dû à une contamination par un des six compléments alimentaires qu’il consommait au moment du contrôle.

«Un des produits utilisés en tant que complément alimentaire est contaminé avec de l’octodrine, sans aucune mention de la présence de cette substance», a expliqué en visioconférence le Pr Jean-Claude Alvarez, auteur du rapport. Or l’octodrine, retrouvée dans l’échantillon B et également une substance interdite, se métabolise dans le corps sous forme d’heptaminol.

«Ce sont de faibles doses, mais on a beaucoup de compléments alimentaires qui sont souillés», a rajouté le Pr Alvarez, citant une étude estimant que 25 à 30 % des compléments alimentaires pourraient être contaminés.

Un test sur un témoin volontaire a permis de trouver des concentrations équivalentes en heptaminol à celle de M. Fall, des doses «sans aucun effet pharmacologique pour l’athlète», a-t-il insisté.

Antoine Marcelaud, le représentant du collège de l’AFLD, qui a engagé les poursuites, a lui estimé que M. Fall aurait dû «faire preuve de davantage de vigilance, compte tenu de son niveau et de son expérience». Sans contester la thèse de la contamination, il a demandé une suspension de 15 mois, au lieu des deux ans encourus.

«Avec toutes les précautions que j’ai prises, il était pour moi impossible d’être dans ce genre de situation», s’est défendu M. Fall. La décision ne sera pas connue avant plusieurs semaines.

Mouhamadou Fall est également engagé dans une autre procédure avec l’AFLD, qui lui reproche trois manquements à ses obligations de localisation antidopage en 2022. Après une relaxe en première instance, l’AFLD a intenté un recours devant le Conseil d’Etat, qui est toujours en cours.