Il n’y aura donc pas de Français au All Star Game 2024. Une semaine après celle des titulaires, la liste des remplaçants a été dévoilée dans la nuit de jeudi à vendredi. Au total, 24 joueurs participeront au match des étoiles, 73e du nom, le 18 février à Indianapolis. Parmi les 14 Français expatriés outre-Atlantique, deux étaient dans la conversation, dont Victor Wembanyama. Le phénomène de 20 ans vient de boucler un mois de janvier XXL, qui lui a valu le titre de Rookie du mois. Au vu de la concurrence à l’Ouest et des résultats de San Antonio, sa non-sélection n’est en rien scandaleuse. Surtout que des garçons comme Domantas Sabonis n’y sont pas non plus… Pour Rudy Gobert, c’est autre chose. Il méritait sa place, lui qui est la clé de voûte de la meilleure défense de la NBA. Leaders à l’Ouest, les T-Wolves enverront deux joueurs dans l’Indiana, Anthony Edwards et Karl Anthony Towns.

Avant de connaître trois sélections consécutives, de 2020 à 2022, l’ancien Choletais avait fondu en larmes, submergé par l’émotion après avoir été snobé, alors qu’il brillait sous les couleurs du Jazz d’Utah. Pas cette fois. Le triple meilleur défenseur de la Ligue (2018, 2019, 2021) était d’humeur offensive vendredi, au lendemain de l’annonce des remplaçants du «ASG» et avant d’affronter Orlando la nuit dernière, une défaite sur le fil 106-108 malgré les 22 points, 16 rebonds et 2 contres du numéro 27 français.

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Après avoir félicité ses petits camarades Edwards et «KAT», le pivot des Bleus a relevé que «ce n’est pas la première fois qu’on (lui) manque de respect. Je suis en NBA depuis longtemps, je sais comment ça marche. Et au final je suis content, ça me fera des vacances en plus (sourire). Le meilleur défenseur du monde, qui évolue au sein de la meilleure équipe de l’Ouest, la meilleure défense de la ligue, aura l’occasion de profiter de quelques jours à la plage pendant le All Star week-end. Quelque part, c’est une bénédiction», s’est-il amusé face aux journalistes, lui qui ne se servira même pas de cette déception comme d’une motivation supplémentaire. «Quand j’étais plus jeune, c’était le cas. Mais aujourd’hui, je sais ce que j’apporte, je connais ma valeur», martèle-t-il, se voyant déjà… au Hall of Fame. «Lors de mon discours d’introduction au Hall of Fame, j’aurai l’occasion de parler de ces jours de congé auxquels j’ai eu droit lors de ces années où j’ai été snobé pour le All Star Game», lâche-t-il tout sourire mais finalement très sérieux sur le fond.

Rappelons que seuls trois joueurs français ont connu les honneurs du All Star Game, Tony Parker (6 sélections), Joakim Noah (2 sélections) et Rudy Gobert. Un seul fait partie du prestigieux Hall of Fame, le panthéon de la gloire du basket américain, c’est Tony Parker, introduit pas plus tard que l’été dernier. Avec ses trois titres de meilleur défenseur, peut-être bientôt quatre, l’ancien Choletais aura de sérieux arguments pour y rejoindre «TP» le moment venu.

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Toujours est-il que la valeur dont parle le géant picard ne se mesure pas seulement par ses moyennes, à plus de 13 points, 12 rebonds, 2 contres et 60% aux tirs. Rien à voir avec son coéquipier Karl Anthony Towns par exemple, qui tourne à près de 23 points et 9 rebonds. L’impact de Gobert est toutefois gigantesque. Sans lui, la défense de Minnesota ne serait pas ce qu’elle est. Or, c’est grâce à la défense que les Timberwolves, 19es en attaque, sont en tête de l’Ouest et deuxièmes de toute l’Association. C’est le genre de chose que les coaches – qui votent pour les remplaçants – auraient pu/dû récompenser. Se refusant probablement à envoyer plus de deux joueurs de Minnesota à la fête, ils ont sans doute privilégié les statistiques et le style de «KAT», plus flashy, spectaculaire et «All Star Game compatible». Outre l’excellent arrière Anthony Edwards, qui tourne à plus de 25 points, 5 rebonds et 5 «assists» et dont personne n’aurait compris l’absence, il fallait bien un deuxième Wolf. Restait à savoir lequel et à trancher entre les deux.

Outre le style et les stats, sans parler de la concurrence démentielle à l’Ouest cette saison encore, l’image de Rudy Gobert n’a peut-être pas aidé. Entre ses larmes en mondovision, ses écarts au début de la crise du Covid-19, son coup de sang lors d’une brouille avec l’un de ses coéquipiers en fin de saison dernière, sans parler des critiques de quelques figures de la NBA, en activité comme Draymond Green, ou à la retraite, comme Shaquille O’Neal, le vice-champion olympique est l’un des joueurs les plus détestés par le public US, c’est un fait. Ça ne devrait pas être un facteur pour les coaches, évidemment. Mais ça ne les aide sans doute pas non plus à se ruer sur sa candidature quand des joueurs comme le Laker Anthony Davis sont en lice.

Et encore, l’international français (100 sélections) de 31 ans n’est pas convaincu par la théorie selon laquelle c’était lui ou Karl-Anthony Towns, lui qui n’a cessé de chanter les louanges de «KAT», «Ant» ou de l’équipe de Minnesota en général lors de son intervention devant les journalistes, souriant, détendu et blagueur : «Je ne pense pas que ça s’est joué entre nous. C’est peut-être le cas dans l’esprit des gens, mais on est deux grands joueurs qui sont différents. Comme je l’ai dit, il n’y a qu’un joueur qui peut faire ce que je fais. Et il n’y a qu’un joueur au monde qui peut faire ce que Karl fait !».

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Et de poursuivre : «Je suis capable d’être vraiment content pour les gars, Karl a traversé tellement de choses, et Anthony aussi. Ils ont bossé. Je suis heureux que l’équipe soit récompensée et je sais ce que ça représente pour Karl, donc je suis très heureux pour lui. Pour moi, il y a d’autres objectifs plus élevés. Je n’aurai peut-être jamais le respect que je mérite, mais ça va, je connais ma valeur, ce que j’apporte. J’en rigolerai lors de mon speech d’introduction au Hall of Fame». Dont acte. Rappelons qu’en cas de forfait, c’est à Adam Silver de désigner le suppléant. Avec son quasi triple-double de moyenne, Domantas Sabonis (19,9 points, 13 rebonds, 8 passes) ne serait sans doute pas loin du compte si un intérieur devait finalement renoncer à l’Ouest.

Rudy Gobert, lui, suivra tout cela depuis son canapé ou… un transat, avant d’attaquer la deuxième partie de la saison, avec des rêves de sacre plein la tête. Le tout avant de réenfiler la tunique de l’équipe de France en vue des JO de Paris, l’été prochain. Pour ce qui est du titre de meilleur défenseur, il lui tend les bras. À l’heure qu’il est, il est à lui. Grand favori. Ce serait son quatrième, un record. Et ça, ça vaut toutes les sélections au All Star Game.