Contre les violences dans le football phocéen, les ravages des stupéfiants et la banalisation de l’antisémitisme dans la deuxième ville de France, Stéphane Le Rudulier, sénateur LR des Bouches-du-Rhône membre de la commission d’enquête sur le trafic de drogue, réclame un «électrochoc» sécuritaire.
LE FIGARO. – Comment expliquez-vous les récentes violences contre les joueurs de l’Olympique Lyonnais à Marseille ?
Stéphane LE RUDULIER. – On a laissé se développer un sentiment d’impunité autour de la racaille du foot marseillais qui gâche la vie de tout un club et d’une ville dont le cœur bat pour l’OM ! Il existe une zone d’impunité autour du foot à Marseille. Ces faux supporteurs sont des délinquants, ils menacent leur propre entraîneur et président de club, ils attaquent l’équipe adverse. Il faut casser cette impunité. Être pseudo-supporteur ne donne aucun droit et aucune immunité. Personne n’est au-dessus des lois, dans le foot en particulier, car c’est un sport universel qui sert d’exemple à la jeunesse.
Quand on voit qu’un certain Rachid Zeroual, président des South Winners, a fait de la prison pour violences, rixes, saccage du site d’entraînement de la Commanderie en se vantant d’avoir menacé des entraîneurs, dont Didier Deschamps, on se demande comment un tel individu peut encore représenter les supporteurs. Les vrais supporteurs eux sont navrés de ces comportements, qui tuent le foot, tuent l’OM. Regardons l’esprit rugby magnifique de cetteCoupe du monde ! Il faut prendre exemple sur le ballon ovale, un sport de gentlemen et de profond respect sur et en dehors des terrains.
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Les bus de joueurs et de supporteurs ont été caillassés alors qu’ils étaient placés sous escorte policière. Quels moyens supplémentaires peut-on exiger ?
Protéger les enceintes, le public, les équipes et leur staff en éradiquant de la vie du football les individus et les groupes violents. Un bus de joueurs ne peut pas être gardé comme fort Alamo ! J’appelle à un électrochoc en prenant exemple sur les Britanniques, qui ont stoppé le hooliganisme. Les interdictions de stade doivent être portées à au moins dix ans et à vie en cas de récidive. Il faut afficher les visages de ces voyous à l’entrée des stades. Osons le « name and shame ». Les soirs de matchs, il faut rendre obligatoire le pointage au commissariat près du domicile des personnes interdites de stades. Enfin, il faut dissoudre les groupes de supporteurs les plus violents, qui salissent le foot et l’amour du maillot.
Emmanuel Macron avait ouvert plusieurs chantiers sur le front de la sécurité à Marseille. Quel est le bilan de son action ?
Les moyens policiers sont là, mais, l’angle mort du président Macron, c’est la justice, car la chaîne pénale est brisée faute de places de prison. L’impunité des délinquants et des criminels se nourrit de la défaillance de cette chaîne pénale. Mais le plus grand responsable de l’ensauvagement de Marseille, c’est son maire, Benoît Payan, qui refuse la vidéoprotection. Il y a 18 caméras pour 10.000 habitants à Marseille contre 72 à Nice, le double à Aix-en-Provence. Il installe des salles de shoot en cœur de ville, ce qui banalise la consommation et le trafic de drogue. Indirectement, le maire se place du côté des trafiquants de drogue.
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Mais je me permets de signaler aussi une autre urgence à Marseille, où, aujourd’hui, la communauté juive est menacée par l’islamisme et l’antisémitisme d’atmosphère, qui imprègnent les franges radicales de certaines communautés. Plusieurs agressions physiques ont eu lieu, un étudiant portant la kippa a été frappé en pleine rue aux cris de «Sale Juif. Sale race, je vais te tuer !». Un responsable connu de la CGT a fait l’apologie du terrorisme. On a entendu les mêmes slogans dans des manifestations propalestiniennes pourtant interdites. La mairie de gauche a refusé d’afficher le drapeau israélien dans la ville alors que Paris a illuminé la tour Eiffel. La majorité municipale n’a manifesté aucun soutien à la démocratie israélienne attaquée. Ils ont trop peur de froisser leur électorat communautaire. Oui, Marseille est l’otage d’un communautarisme gangrené par la haine des Juifs.
La droite dénonce régulièrement la tragédie de l’insécurité dans cette ville, notamment dans ses quartiers gangrenés par les trafics de drogue. Que proposez-vous ?
Le développement massif de la vidéoprotection partout et pour tous. Le démantèlement de toutes les salles de shoot. L’affichage du visage des dealers condamnés dans les transports et les zones d’affichage libre. Enfin, une grande loi contre les narcotrafiquants, avec des peines planchers de prison ferme. Il faut interdire leur retour dans leur quartier après leur peine, les exclure des logements sociaux et couper les allocations des familles de mineurs délinquants. La commission d’enquête du Sénat contre les narcotrafics apportera de nombreuses réponses et solutions.
Je salue cette initiative extrêmement courageuse du président de notre groupe, Bruno Retailleau. De son côté, Éric Ciotti, président des Républicains, a raison de demander le « name and shame ». Je sais aussi que Martine Vassal, présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, et Renaud Muselier, président de la région Sud, se battent pour améliorer la sécurité à Marseille. Mais je dis attention ! Dans moins d’un an, Marseille accueillera les épreuves de football et de voile, dans le cadre des Jeux olympiques. Aucun dérapage ne devra être permis. Sans cela l’image de la ville subira des dommages irréparables aux yeux du monde entier.