Le Sénat ne connaîtra pas la tempête de l’Assemblée nationale. Le scrutin des élections sénatoriales a parlé dimanche et, sans surprise, la majorité sénatoriale de la droite et du centre confirme la stabilité de ses forces sur les 170 sièges renouvelables cette année. Parallèlement, la bonne tenue de la gauche dans ce scrutin, deuxième force politique au Sénat, consolide le clivage gauche-droite au sein de la Chambre haute.
À droite, Bruno Retailleau, président du groupe LR, a exprimé sa satisfaction dans la soirée. «Ce soir le groupe LR sortira de cette élection conforté autour de 140 sénateurs. Nous demeurons le premier groupe de très loin et la majorité sénatoriale est confortée», confie le parlementaire au Figaro. Selon lui, les résultats de ces élections sont les fruits de la «reconnaissance» du travail réalisé par le Sénat «sur une ligne d’une opposition d’intérêt général, ni pavlovienne, ni complaisante». En outre, le chef de file de la droite sénatoriale, considère que nombre de grands électeurs perçoivent «désormais» le Sénat comme une institution jouant un «rôle fondamental» pour la démocratie française. «Parce que c’est un pole de stabilité vis-à-vis de l’Assemblée nationale et un contre-pouvoir vis-à-vis de l’exécutif», affirme le sénateur de la Vendée. À Paris, les Républicains ont sauvé leurs 4 sièges sortants et la Macronie a perdu le seul sénateur LREM qu’elle comptait dans la capitale.
Si la droite se réjouit du score de ses alliés de l’Union centriste, qu’elle évaluait en progression de deux à trois élus au moment du bouclage de cette édition, elle considère également que cette élection est marquée par l’échec de la majorité présidentielle, coupable selon LR de conduire une politique de «recentralisation trop éloignée du terrain qui décourage les parlementaires et les élus locaux».
La majorité présidentielle, minoritaire et dispersée, espérait pourtant conserver elle aussi une forme de stabilité. Mais dimanche, la macronie a essuyé un revers en Nouvelle-Calédonie avec la défaite sévère et inattendue de la secrétaire d’État à la citoyenneté Sonia Backès. En dénonçant une «trahison», la figure du parti présidentiel a été contrainte de s’incliner devant le candidat indépendantiste Robert Xowie, symbole de l’entrée du FLNKS au Sénat. Seule ministre candidate engagée dans cette bataille électorale, elle devrait démissionner de son poste cette semaine. «En outre-mer comme en métropole, l’un des grands perdants de ce scrutin sera vraisemblablement le parti d’Emmanuel Macron», lâchait un sénateur LR dès dimanche matin, à la lecture des premiers résultats ultramarins, marqués par la victoire du candidat de droite entré en dissidence sur le Caillou calédonien, Georges Naturel.
Sans doute, les déconvenues macronistes sont la conséquence des dernières municipales de 2020. Le camp Macron y avait essuyé une défaite nationale (2,22 %) et l’on sait que le mode de scrutin des sénatoriales impose un vote de «grands électeurs» dont une écrasante majorité (95 %) est composée de conseillers municipaux.
La gauche, qui avait quant à elle bon espoir de franchir dimanche soir la barre symbolique des 100 sénateurs, se réjouissait de sa légère progression au Palais du Luxembourg. L’objectif est donc accompli pour les trois groupes: socialiste, écologiste et communiste. C’était le sens de l’accord, scellé au début de l’été, entre les trois partis. Les Insoumis n’avaient quant à eux pas été intégrés dans l’alliance au regard de leur trop faible ancrage territorial – disposant par conséquent d’un nombre limité de «grands électeurs».
Agacées d’avoir été mis sur la touche, les troupes de Jean-Luc Mélenchon avaient décidé de présenter leurs propres listes. En vain: aucun candidat Insoumis n’a réussi à transformer l’essai dimanche. De l’avis de certains socialistes, ces aventures mélenchonistes auraient même profité aux listes socialistes. «Certains élus hésitaient à voter pour nous car ils considéraient que nous nous étions trop soumis aux Insoumis. Avoir une liste face à nous a prouvé que nous étions bien contre eux», résume un sénateur PS. Résultat: LFI restera donc absente du Palais du Luxembourg jusqu’au prochain renouvellement de la Chambre haute dans trois ans. En attendant, de nouvelles figures de gauche arriveront dès lundi au Sénat. On y retrouvera par exemple un ancien candidat à l’élection présidentielle de 2022 avec Yannick Jadot, élu sénateur de Paris.
Après le scrutin de dimanche, marqué aussi par le retour de deux sénateurs RN, les élus seront invités à désigner les présidents des différents groupes politiques à partir de mardi sachant que les groupes devront être constitués le 3 octobre à 16 heures Sans surprise, Gérard Larcher, sénateur réélu dimanche dans les Yvelines, devrait être également réélu pour un sixième mandat à la présidence le 2 octobre. Deux jours plus tard, les membres du bureau du Sénat seront également élus, les commissions permanentes constituées et la première séance de l’hémicycle renouvelé aura lieu le 10 octobre. Deux grands débats parlementaires sont déjà dans le viseur des sénateurs issus du dernier scrutin: le budget 2024 et le texte sur l’immigration attendu au Sénat en novembre. Chaud devant!