Le Palais du Luxembourg renouvelait dimanche près de la moitié de ses sièges (170 sur 348), confirmant la majorité de la droite et du centre. Alors que la plupart des sénateurs sortants ont été réélus, quelques nouvelles têtes s’apprêtent à faire leurs premiers pas à la Chambre haute. Le Figaro fait le focus sur six d’entre eux.

Le verre et l’acier du Parlement européen vont bientôt laisser place aux dorures du palais du Luxembourg pour Yannick Jadot. Élu ce dimanche, le tout nouveau sénateur Europe Écologie-Les Verts (EELV) quitte prématurément Strasbourg pour investir sa fonction de sénateur de Paris. D’aucuns lui prêtent des ambitions pour la mairie de Paris, ambitions sinon démenties, du moins différées. Interrogé ce lundi matin sur Franceinfo, Yannick Jadot se défend de toute stratégie électorale pour 2026 : «Quand vous faites une campagne sénatoriale et que vous êtes élu sénateur, c’est pour être sénateur».

À 56 ans, celui qui fut directeur des campagnes de Greenpeace France de 2002 à 2008, poursuivait depuis 2009 son engagement écologique à Strasbourg où il siégeait jusque-là comme eurodéputé EELV. Mais, règlement partisan interne oblige, l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2022 ne peut briguer de quatrième mandat au Parlement européen. Une nouvelle vie de sénateur bienvenue donc.

Elle a pris sa revanche. Évincée des places éligibles sur la liste de son parti, la puissante patronne de la fédération LR de Paris, Agnès Evren, s’était présentée en dissidence du groupe mené par Rachida Dati. Pari réussi, puisque l’ex-porte-parole de Valérie Pécresse en 2022 a décroché dimanche un siège dans la capitale.

Soutenue par les centristes, Agnès Evren devrait toutefois grossir les rangs de la majorité sénatoriale de droite, confirmée lors du renouvellement partiel de la Chambre haute. Comme Yannick Jadot, elle doit quitter le Parlement européen à Strasbourg, où elle siège seulement depuis 2019.

Le porte-parole du PCF Ian Brossat fait lui aussi ses tout premiers pas au palais du Luxembourg. L’adjoint au logement d’Anne Hidalgo est désormais sénateur de la capitale. Après trois campagnes législatives malheureuses en 2007, 2012 et 2017 et un échec cinglant aux élections européennes de 2019, le troisième candidat de la liste «Rassemblement de la gauche et des écologistes» – qui a obtenu 54,58% des suffrages – était presque certain d’être élu au Sénat.

Ce professeur agrégé en lettres modernes de 43 ans avait dirigé la campagne présidentielle de Fabien Roussel en 2022, pour atteindre 2,28% des voix au premier tour.

Ça s’est joué dans un mouchoir de poche. À Saint-Pierre-et-Miquelon, où seuls 39 grands électeurs étaient appelés aux urnes, l’ancienne ministre des Mers et des Outre-Mer (2017-2020), Annick Girardin, est devenue sénatrice à trois petites voix près. C’est dans cet archipel de huit îles que cette membre du Parti Radical (PRV) avait décroché son premier mandat de députée en 2007.

L’ancienne ministre de la Fonction publique sous François Hollande siégera au sein du groupe macroniste Rassemblement démocratique et social européen (RDSE), qui devrait compter une petite vingtaine de parlementaires. Pas de quoi faire oublier le revers infligé en Nouvelle-Calédonie à la seule membre du gouvernement en lice, Sonia Backès (Citoyenneté), battue par l’indépendantiste kanak, Robert Xowie.

Du barreau aux travées du Palais du Luxembourg. L’ancien avocat et maire LR du XVIème arrondissement, Francis Szpiner, a été élu dimanche sénateur de Paris. Contrairement à sa collègue Agnès Evren, lui figurait sur la liste officielle du groupe mené par Rachida Dati.

L’ex-conseiller de Jacques Chirac à l’Élysée avait loupé le coche aux dernières élections législatives en s’inclinant dans la capitale face au macroniste Benjamin Haddad. En décembre dernier, lors de l’élection du président de LR, Francis Szpiner avait soutenu la candidature du patron de la droite au Sénat, Bruno Retailleau.

À 29 ans, l’écologiste Mathilde Ollivier est devenue ce dimanche la benjamine du Sénat. À quelques mois près, elle rafle donc le titre au socialiste Rémi Cardon, né comme elle en 1994 et âgé de 26 ans lors de son élection en 2020. Désormais sénatrice des Français établis hors de France, la Bretonne a expliqué au micro de Public Sénat ne plus vivre en France depuis dix ans. Mathilde Ollivier a posé ses bagages à Vienne, en Autriche, il y a quatre ans, devenant conseillère pour les Français expatriés deux ans plus tard.

Engagée en politique depuis les marches pour le climat de 2018, l’élue EELV évoquait toujours sur Public Sénat les enjeux de son élection : «En tant que jeune femme élue au Sénat (…), c’est important pour moi de représenter la génération climat et d’avoir une représentation et un renouvellement de nos institutions.»