C’est un dispositif qui s’inscrit dans la droite lignée de la déclaration d’Emmanuel Macron cet été. À la suite des vagues de canicule, le chef de l’État avait alors fait état «d’un grand bouleversement» et annoncé «la fin de l’abondance». Reprenant cette même terminologie, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a annoncé que, d’ici à «quelques jours», un plan eau serait présenté.

«Il est prêt, il est complet et comporte une cinquantaine de mesures», a affirmé le ministre de la Transition écologique sur TV5Monde, le 11 mars dernier. «Il traite de la sobriété, il traite de la quantité, il traite de la qualité, il traite des moyens financiers et de la gouvernance : sur tous ces points, nous devons être capables de bouger.»

Alors que le pays a connu 32 jours sans pluie – un record historique selon Météo-France -, le sujet a plus que jamais son importance. Tellement, d’ailleurs, qu’il reviendra à la première ministre, Élisabeth Borne, directement chargée de la planification écologique, de présenter ce plan eau la semaine prochaine, affirme son entourage au Figaro.

Laconique, Christophe Béchu n’a pour l’instant qu’égrené les réflexions générales ayant nourri ce nouveau dispositif. Selon nos informations, le chantier «plan Eau» a été lancé en septembre dernier, à la suite des sécheresses de l’été dernier, par Matignon et le ministère de la Transition écologique. Un travail ensuite mené avec les partis prenants dont le Conseil national de l’eau qui a remis ses conclusions, fin janvier dernier. Les mois suivants ont été dédiés à un plan d’action et à son financement.

Le «plan Eau» repose sur un constat : «Il faut apprendre à faire avec moins», indique, hors micro, un conseiller gouvernemental. Ainsi, sur le modèle de la sobriété énergétique, c’est un plan de sobriété sur l’eau qui va être présenté aux Français. De l’amélioration de la quantité et de la qualité de l’eau, à une meilleure gestion des crises, jusqu’à la lutte contre le gaspillage… «Nous allons beaucoup travailler sur comment changer notre consommation», indique une source proche du dossier. «Consommer moins chez soi mais aussi, dans les entreprises.» Le ministre de la Transition écologique a par ailleurs insisté sur TV5Monde sur la nécessaire lutte «contre tous les types de gaspillage», en évoquant l’importance des gestes au quotidien : «Le fait de ne pas faire attention à la durée d’une douche, la façon dont on laisse couler un certain nombre de robinets», avait ainsi énuméré Christophe Béchu.

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«Un Français consomme 149 litres d’eau potable par jour et par personne : on a l’eau tellement en abondance qu’on a fini par oublier que, au fond de nos toilettes, on a de l’eau potable», déplore Christophe Béchu. Plus largement, le locataire de l’Hôtel de Roquelaure souligne l’importance de rechercher des «modèles de transition» sur «le plan industriel et agricole», tout en rappelant l’importance d’étudier « les sources d’eau dont on a oublié qu’elles sont à notre disposition : eaux usées, eaux grises et eaux pluviales ». Toujours selon nos informations, la question de l’irrigation agricole figurera parmi les mesures : «Il faut s’adapter au changement climatique : l’irrigation est un impératif, et en même temps, on ne peut pas se permettre d’utiliser trop d’eau.»

Tandis qu’il arpentait les allées du Salon de l’agriculture, en février dernier, Emmanuel Macron a lui aussi évoqué la mise en place d’un «plan de sobriété sur l’eau» : «On sait qu’on sera confrontés, comme on l’était l’été dernier, à des problèmes de raréfaction d’eau : plutôt que de s’organiser sous la contrainte au dernier moment avec des conflits d’usage, on doit planifier tout ça», a-t-il déclaré.

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«La nation France doit mieux réutiliser son eau, mieux récolter l’eau de pluie, elle doit avoir moins de fuites dans ses réseaux d’eau, ce qui est un énorme investissement», avait poursuivi le président. Avant d’appeler «à faire plus attention», évoquant la possibilité d’adapter la «part d’efforts» de chacun «en fonction de l’évolution des nappes phréatiques».

L’ensemble de ces mesures, insiste-t-on du côté de Matignon, «ne marche que si chacun fait des efforts à son niveau» : «Comme pour l’énergie, ce sera aux plus gros de montrer l’exemple : les acteurs économiques, les collectivités… Puis, l’on demandera à chaque citoyen une part d’effort.» Un travail de «pédagogie», anticipe-t-on déjà, et «de transparence» : «Il faudra respecter la situation de chacun».

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