«Une majorité existe», a martelé la première ministre avant le scrutin final de jeudi. En affichant sa sérénité, Élisabeth Borne a ainsi semblé balayer l’hypothèse d’un recours à l’article 49.3 pour faire adopter sa réforme des retraites. Une option manifestement rejetée par 74% des Français, qui jugeraient «inacceptable» une éventuelle activation de cet article contesté, comme le révèle notre dernier sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro. Même les sympathisants des Républicains (56%), électorat pourtant favorable à une réforme, refusent un passage en force.
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«Après avoir eu recours à l’article 47.1 à l’Assemblée, puis au 44.3 au Sénat, le recours au 49.3 pour faire voter le texte serait sans doute perçu comme la goutte d’eau faisant déborder le vase de la colère sociale», analyse Gaël Sliman, directeur d’Odoxa. Tandis que le camp présidentiel reste en proie aux doutes, une large majorité de Français (78%) mise sur l’adoption du texte par les deux chambres.
Mais ce scrutin à haut risque pourrait exacerber «la crise de la représentativité», selon l’institut de sondage. D’autant que 67% des sondés se disent opposés à la réforme et souhaitent son rejet. En cas d’un vote favorable jeudi, 62% d’entre eux estimeraient que «la démocratie n’a pas été respectée», méprisant huit journées de mobilisation et plus de «deux millions de personnes dans la rue».
La fin des débats ne devrait pas signer la fin de la contestation. Six Français sur dix pensent ainsi que le mouvement social doit se poursuivre, même en cas d’adoption de la réforme. Soit une hausse de 4 points par rapport au 10 mars, notamment chez les sympathisants de La France insoumise (80%) et du Rassemblement national (73%). Le spectre d’un blocage du pays reste toutefois encore loin, malgré une grève reconductible des éboueurs dans les grandes villes.