«Je suis fier de n’avoir cédé à aucune intimidation et d’avoir tenu une sorte de droiture politique», déclare Aurélien Pradié dans un entretien à La Dépêche . Le député du Lot assume sa position de frondeur au sein de son propre camp, malgré la volonté du président des Républicains Éric Ciotti et du président du groupe LR à l’Assemblée nationale Olivier Marleix de voter la réforme des retraites du gouvernement. «J’ai fait connaître mes lignes rouges, notamment sur les carrières longues. Je n’ai pas varié» assure celui qui a emmené une partie des députés de droite faire échec au texte, obligeant la première ministre à recourir au 49-3.
La décision d’Emmanuel Macron et d’Élisabeth Borne est «un échec pour tout le monde», déclare Pradié, qui y voit «peut-être le début d’un basculement». Mais le député déclare aussi qu’il se serait «rangé derrière [les] institutions» si le texte avait été adopté par un vote majoritaire à l’Assemblée nationale.
Interrogé sur ses intentions au sujet des deux motions de censure, déposées par la gauche et le centre, en réaction au choix par le gouvernement d’engager sa responsabilité sur le texte, Aurélien Pradié n’a pas souhaité donner de réponse définitive, tout en déclarant que s’il n’entend pas voter une motion de censure déposée par le RN ou la NUPES, celle en revanche déposée par Charles de Courson du groupe LIOT «mérite encore réflexion». «Je prendrai ma décision ce lundi», fait savoir le député, qui n’exclut donc pas d’enfreindre la consigne décidée en réunion de parti par les chefs de file des Républicains. Sur BFMTV jeudi, Aurélien Pradié avait déjà reconnu avoir plaidé, au cours de cette réunion, pour le dépôt d’une motion de censure par LR. Mais Éric Ciotti a finalement indiqué à la presse que Les Républiques ne s’associeront pas aux motions de censure des oppositions.
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Aurélien Pradié, qui avait déjà été démis de ses fonctions de vice-président du parti par Éric Ciotti, dit ne pas craindre une exclusion définitive s’il poursuit une ligne résolument contraire à celle décidée par le reste de sa famille politique. «J’assumerai toutes les conséquences de la décision que je prendrai lundi», martèle-t-il, assurant n’avoir pas d’autre ambition que de défendre «[s]es convictions». «On me prête beaucoup d’ambitions, mais j’en ai en réalité beaucoup moins qu’on ne le croit» dit encore le député, qui a lancé un appel à l’intention d’Emmanuel Macron. Aurélien Pradié demande au chef de l’État «de retirer cette réforme et d’engager une conférence sociale afin de revenir devant les partenaires sociaux pour dessiner une nouvelle réforme des retraites».