De notre envoyé spécial à Rennes,

Jean-Luc Mélenchon a livré à Rennes, jeudi soir, un plaidoyer pour l’engagement politique. «Ne vous désespérez jamais», a-t-il lancé à plusieurs reprises au millier de militants présents, dont une bonne partie a dû rester dehors tant la salle était comble. En guise d’espoir, le triple candidat de gauche à l’élection présidentielle a égrené au cours de son discours ce qu’il considère comme les «victoires» politiques de son camp. À commencer par les positions de la France insoumise (LFI) au sujet du conflit au Proche-Orient. Quelques heures après l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier, Jean-Luc Mélenchon avait créé la polémique en appelant dans un tweet à cesser «toute la violence déchaînée contre Israël et à Gaza». Le leader insoumis s’est félicité à Rennes de voir qu’«au bout de 32 jours, le président de la République a parlé de cessez-le-feu», estimant que sa position, jadis minoritaire, qui lui a valu selon ses dires un «acharnement» et des menaces de mort, s’impose désormais comme dominante.

À ce propos, Jean-Luc Mélenchon a défendu pour la première fois à Rennes la mise en place au niveau européen de «sanctions économiques» contre l’État hébreu, comme celles prises à l’encontre de la Russie après l’invasion de l’Ukraine. «Il paraît que les sanctions économiques ramènent à la raison les violents, c’est bien ce qui a été fait contre la Russie ? Alors il faut demander des sanctions économiques contre le gouvernement de l’État d’Israël», a conclu le chef de file des Insoumis dans un tonnerre d’applaudissements. Avant de déclarer que «ce ne serait pas des sanctions contre les Israéliens mais contre le gouvernement qui les conduit à ce massacre». Regrettant les positions d’Emmanuel Macron au début du conflit, qui lui sont apparues bellicistes, son opposant lui a enjoint de s’en tenir au «respect du droit international».

Au rang des «victoires» de son camp, Jean-Luc Mélenchon a également mis en bonne place le vote de la motion de rejet par l’Assemblée nationale lundi dernier. «On a voté une motion présentée par un des groupes de la Nupes, sur un texte d’un groupe de gauche, et on a gagné. Nous ne sommes unis à personne !», a-t-il tonné après avoir regretté avoir «lu que nous avions uni nos voix à celles de LR et du Rassemblement national». Il s’en est pris vivement au «refrain» de la «sphère médiatique» qui consiste à faire de Marine Le Pen la grande gagnante. «On vient de battre le RN avec une motion de rejet de gauche et on dit que c’est le RN qui a gagné ? Ça suffit de vous bourrer le crâne, de vous faire croire que l’on a perdu d’avance», s’est emporté Jean-Luc Mélenchon, qui est entré sur scène aux cris d’«Union populaire» et sous les vivats de la foule. Il est vrai qu’à Rennes, le leader insoumis est en terrain presque conquis puisqu’il y a rassemblé un peu plus de 36% des voix en 2022, dominant largement le scrutin dans la métropole bretonne.

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Le sujet des élections européennes, qui ont lieu dans un peu plus de six mois, a brillé par sa quasi-absence au cours des deux heures de discours. Tout juste le leader insoumis a-t-il déclaré au moment de conclure : «Nous allons mener une bataille», confirmant à demi-mot la présence d’une liste LFI lors du scrutin. S’il regrette que les analystes disent de son parti et de lui qu’ils comptent «enjamber» cette échéance électorale, reste que Jean-Luc Mélenchon a bien davantage parlé de l’élection présidentielle. Celle qu’il a perdue «d’un cheveu» ou «à très peu» au premier tour il y a un an et demi, mais aussi, à mots plus couverts, celle qui se profile. «Nous allons poursuivre cette stratégie de candidature commune avec ceux qui sont d’accord sur le programme que nous ne changerons pas d’une seule page», a assuré le leader de la France insoumise. L’«union populaire» plutôt que l’union des gauches, en somme. Comme un air de déjà-vu.