Marine Tondelier a écouté la conclusion du Conseil de planification écologique, prononcée lundi par Emmanuel Macron. L’avis de la secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts n’a pas évolué d’un iota. Sur le fond du discours, «toujours aussi productiviste et profondément daté». Sur la forme aussi «avec un président qui joue au champion du monde de l’écologie dans une absence totale d’humilité, alors même que son inaction totale en la matière participe d’un dangereux déni climatique.»

Ancienne ministre et députée écologiste, Delphine Batho voit surtout dans cette grand-messe de lundi, «une tentative d’OPA sur l’écologie, face à la faiblesse de l’écologie politique française…» Mais l’affaire est «vaine». «La vision ancienne du chef de l’État, dit-elle, laisse croire que nous allons pouvoir continuer à vivre comme avant. Il n’a toujours pas compris que le choc climatique et l’effondrement de la biodiversité s’additionnent et provoquent un basculement.»

«Au vu des déclarations d’Emmanuel Macron dimanche, de toute façon, il n’y avait rien à attendre.» Député européen, ancien secrétaire national d’EELV et figure des écologistes, David Cormand est tout aussi lapidaire. «On aime la bagnole, et moi je l’adore.» Ces mots de Macron en particulier, prononcés lors de l’entretien de dimanche soir, ont soulevé le cœur des écologistes et plutôt mal engagé la réception de son discours de lundi. Même si un «accompagnement» a été proposé par le chef de l’État afin de «pousser nos ménages à céder les vieux diesels et les vieux véhicules thermiques» pour aller vers «de l’hybride» et «de plus en plus de l’électrique», sa désinvolture a choqué. Comme avait choqué quelques jours plus tôt, sa déclaration d’amour aux avions. Pour Cormand, «Macron veut faire de l’écologie sans rien changer. En guise d’écologie à la française, il nous délivre un message désuet sinon ringard, qui nous fait remonter à Pompidou: j’aime la voiture et le nucléaire va tout régler.»

Tout juste réélu dimanche, Guillaume Gontard, sénateur écologiste de l’Isère, n’est pas moins remonté. «Il est fini le temps des grandes annonces à faire. Les actions à mener, nous savons tous ce qu’elles doivent être!»«Le “Grenelle” évoquait 500.000 logements à rénover, rappelle le sénateur EELV. Cette année on en a rénové 20.000!» «Il nous parle de charbon comme s’il y avait une quelconque annonce, mais ce n’est que du décalage dans le temps», s’agace l’élu. L’amertume vaut pour tous les secteurs, dont ceux, aussi, de l’agriculture ou de l’alimentation. «On continue à poursuivre un schéma des années 1950, dit-il aussi, celui de la FNSEA, mortifère pour les agriculteurs eux-mêmes.» Soucieux de ne pas entamer plus encore ses relations avec une profession en difficulté et en tension avec sa formation politique, l’écologiste glisse que «l’agriculteur, ce n’est pas de sa faute. Il fait ce qu’on lui a demandé de faire! Ce sont les responsables des politiques publiques qui l’entraînent dans cette direction-là.» Or, changer de direction, affirme Gontard, «demande une vision et du courage». Pas vraiment les qualités que les écologistes reconnaissent chez Emmanuel Macron. «Le président n’est pas à la hauteur des défis contemporains.»

Ex-candidat écologiste à la présidentielle et tout juste élu au Sénat, Yannick Jadot s’est désolé lundi matin sur Franceinfo que le chef de l’État soit inactif face à une France «à l’arrêt, tétanisée par son avenir et tentée de se replier sur son passé». Avant de le cingler: «L’écologie à la française, c’est la France condamnée par l’Europe.»