2024 sera l’année de la mise en musique des idées de Nouvelle Énergie. David Lisnard l’annonce mardi soir devant quelques centaines de soutiens réunis dans une brasserie du XVe arrondissement, à quelques pas de son QG national.

Cette petite cérémonie des vœux est l’occasion pour lui de dévoiler la nomination de Hervé Novelli au poste de responsable du projet. L’ex-secrétaire d’État chargé du Commerce, et des PME (2007 -2010) fut notamment chargé de la mise en œuvre du statut d’autoentrepreneur. Et le maire LR de Cannes compte sur lui pour tester des idées et réfléchir à la manière de les appliquer face aux «rigidités administratives». Il veut chercher les moyens d’embarquer «un maximum de fonctionnaires» à bord de Nouvelle Énergie pour mettre en œuvre une réforme de l’État qu’il juge prioritaire. «Il devra mettre en musique un projet sur lequel nous travaillons depuis trois ans», explique Lisnard, avant de saluer en Novelli un entrepreneur «compétent et créatif». «Il a inventé des choses quand il était ministre», salue-t-il.

L’autre invité accueilli par des applaudissements est le député européen François-Xavier Bellamy. «Plus je le vois mieux je me porte parce qu’il a du talent. Je me réjouis que sa première sortie soit ici», souligne le président de Nouvelle Énergie, alors que le chef de la délégation française du PPE vient d’être désigné tête de liste des Républicains pour les prochaines élections européennes, par Éric Ciotti lundi soir sur TF1.

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Face à la salle, où le président des Centristes Hervé Morin est également présent, Alexandra Martin, secrétaire générale de Nouvelle Énergie et députée des Alpes-Maritimes, souhaite à son président de réussir sur trois qualités: «Constance, consistance et confiance». David Lisnard rebondit en plaisantant sur les «contre-vœux» d’Emmanuel Macron, organisés presque au même moment à l’Élysée.

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«L’avenir n’appartient qu’à ceux qui s’engagent», enchaîne David Lisnard. Il décrit 2024 comme l’année de la «consolidation» et de la «professionnalisation» d’un mouvement dont il veut doubler le nombre d’adhérents en un an. Il en revendique près de «9000 à jour de cotisation» aujourd’hui. Caroline Doucerain, responsable du développement, se réjouit de compter des relais dans «70 départements».

Listant les défis du pays, l’élu appelle à un «sursaut collectif», cite Bernanos sur l’espérance comme un «risque à courir», promet la «ferme résolution d’agir pour proposer l’offre politique de la dignité», théorise la notion de responsabilité en imaginant des Français «propriétaires de leur destin», invite à retrouver le «sens de l’audace, du panache et de la joie»…

En miroir, David Lisnard dresse aussi le tableau noir des difficultés du pays. Il déplore la situation économique d’une «ultradépense publique», la faillite des urgences, les chiffres de l’insécurité en hausse, le «délitement régalien», surpopulation carcérale, école, des fonctionnaires mal payés, des usagers mal servis, l’inflation des dépenses sociales, l’explosion de l’immigration comme l’émigration record de talents, ou encore la diplomatie en recul… Autant de raisons, selon lui, de se mettre au travail pour «redresser la France» et imposer les thèmes de Nouvelle Énergie dans le débat public.

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Chez LR, certains critiquent à demi-mot l’indépendance du président de l’Association des maires de France. On lui reproche notamment de faire passer Les Républicains au second plan, de mettre à disposition de Bellamy une liste de candidats «nouveaux» issus de Nouvelle Énergie et de faire la promotion de son propre mouvement. Mais David Lisnard réfute ces attaques. « Contrairement à tant d’autres j’avance sur mes idées qui constituent selon moi un apport important, avec des personnes nouvelles, des gens que l’on ne voyait plus. Je crois que cela apporte beaucoup à LR». Puis il ajoute: «Ensuite, en politique il faut être fort. À chacun d’être fort».

Quand nombre de politiques commentaient le nouveau gouvernement de Gabriel Attal, David Lisnard s’est tenu à l’écart. Il a préféré rester «discret» parce qu’il «déteste» les procès d’intention. Mais cela ne l’empêche pas de pointer la méthode de l’exécutif. «En principe, on prend acte d’un changement de premier ministre, on dit ce que l’on compte faire et on nomme un nouveau premier ministre pour porter cette ambition mais là on a eu le casting avant le scénario. Si le scénario est bon tant mieux pour la France. On verra», confie-t-il mardi soir. Quant à l’affaire Rachida Dati nommée ministre de la Culture, là aussi, il se tient à distance. «Je refuse de me laisser imposer des thématiques renvoyant à des problématiques narcissiques. Cela ne m’intéresse pas. Je souhaite depuis longtemps que la France réussisse sur le plan culturel mais je me concentre sur ce que je peux maîtriser». La droite doit-elle néanmoins réfléchir à un plan B pour les municipales à Paris ? Le maire qui fut élu à Cannes en 2014 sans investiture n’écarte pas la question et juge que les candidats potentiels existent, à l’image du maire LR du XVIIe arrondissement, membre de Nouvelle Énergie et présent mardi soir.

En voisin du QG de Nouvelle Énergie, le journaliste Olivier Mazerolle est venu passer une tête. Il n’est pas encarté mais observe la vie politique toujours avec intérêt du haut de ses 81 ans. Que pense-t-il du président de Nouvelle Énergie ? « Il est intéressant. Son discours correspond à ce qu’il a déjà fait dans sa ville, avec des convictions qui s’attaquent au fond du problème: la réforme de l’État. C’est ce que Macron avait promis en 2017 et qu’il n’a pas fait». L’observateur estime que ce nouveau visage de la droite porte un discours «concret». «J’ai l’impression de retrouver un politique capable de dire des choses qui ne font pas forcément plaisir à tout le monde mais qui porte une ambition, une sincérité», ajoute Mazerolle, en l’invitant à creuser son «sillon» et à se faire connaître au-delà du cercle des politiques et des maires. Il croit aussi que David Lisnard devra assumer le «combat politique» et «savoir donner des coups de temps en temps». Il note en passant que c’est ce qu’il manquait au «grand homme politique» qu’était Jacques Delors, récemment disparu.

Pour David Lisnard, cette nouvelle année devra permettre de poser une nouvelle pierre sur l’édifice de la droite en vue de la présidentielle. Il croit la victoire possible en 2027 sans savoir encore si celle-ci pourrait être la sienne. Dans la préface des carnets de l’Institut Diderot qui reprennent ses analyses sur l’avenir de la droite en France, André Comte-Sponville s’interrogeait sur l’émergence de l’élu cannois en ces termes: «Je n’étais sans doute pas le seul, ce jour-là, dans le public, à me dire que la perspective, loin d’être inquiétante, aurait quelque chose d’intéressant, de rassurant et de stimulant, y compris pour ceux, comme moi, qui n’envisagent guère de voter pour lui ».