«On a aujourd’hui une école pour les enfants. Moi je suis favorable à ce que l’on crée une école des parents.» Au lendemain des violences urbaines qui ont embrasé la France, la proposition du député socialiste Philippe Brun se veut une position médiane entre «le discours de stigmatisation de l’exécutif» et l’hostilité des Insoumis à s’approprier le thème de la responsabilité parentale.

Favorable à la création d’«un lieu d’écoute, d’accueil, et de formation obligatoire pour les parents en difficulté», l’élu de l’Eure entend se démarquer de l’appel à la responsabilité lancé par Emmanuel Macron aux familles d’émeutiers, qu’il avait menacées de sanctions financières.

Pour lui, «il y a beaucoup de parents qui travaillent tard le soir (…). Je pense à tous les ouvriers de l’industrie, de la logistique, de l’hôpital, de gens qui travaillent dur et qui ne sont pas là forcément le soir pour s’assurer que leurs enfants ne sortent pas», a-t-il expliqué au micro de BFMTV. Rejetant tout fatalisme, le socialiste prône l’implication de «la collectivité, qui doit aider les parents en difficulté».

À ceux qui l’accusent de marcher sur les plates-bandes de la macronie en évoquant la responsabilité parentale, Philippe Brun rétorque qu’une «école des parents» est «tout à fait socialiste». «Les parents sont certes responsables mais pour qu’ils le soient pleinement, il faut leur donner des moyens. On ne naît pas parent, on le devient», soutient-il.

Si l’idée d’une école pour parents paraît inédite, elle ne l’est pas. Une initiative en ce sens a déjà été créée en 2009 par Éric Ciotti, l’actuel patron des Républicains. Celui qui était alors président UMP du conseil général des Alpes-Maritimes s’était lancé dans une croisade contre l’absentéisme scolaire. Devant l’impuissance des parents à conduire collégiens et lycéens quotidiennement sur le chemin de l’école, il proposait aux familles d’enfants absents de signer un «contrat de responsabilité parentale» et de suivre des cours dispensés par l’«école des parents». Psychologues, infirmières et proviseurs guidaient les adultes afin qu’ils recouvrent leur autorité parentale mise à mal. Éric Ciotti avait déjà décidé de suspendre les allocations familiales des parents dont les enfants ne retournaient pas à l’école.

Reprenant le sujet à l’échelle nationale, la «loi Ciotti» avait d’ailleurs été votée en 2010 avant d’être abrogée en 2013 sous la présidence de François Hollande. Durant sa mise en application, entre février 2011 et mars 2012, seules 472 familles avaient vu leurs allocations suspendues.

Philippe Brun ne veut pas du même dispositif : «La suspension des allocations familiales est présentée comme une solution magique mais elle n’est pas efficace.» Le député PS se réclame plutôt de Ségolène Royal : «La vraie solution c’est de soutenir la parentalité. C’est ce que Ségolène Royal proposait en 2006 avec des stages obligatoires d’accompagnement de la parentalité.»

Mais la candidate PS à l’élection présidentielle de 2007 proposait aussi «des systèmes de mise sous tutelle des allocations familiales».