Opération déminage pour le gouvernement. Alors que la mort de Thomas, il y a une dizaine de jours à la fin d’un bal dans le village de Crépol a suscité l’émoi du pays, et agité la classe politique en passant d’un simple fait divers à un véritable fait de société, une polémique a enflammé les débats ces derniers jours. Les noms des neuf suspects de l’attaque, ayant abouti au décès de ce jeune homme, devaient-ils être révélés au grand public ?
Ayant mis du temps avant d’être dévoilés, les patronymes ont finalement fuité dans la presse et les réseaux sociaux le week-end dernier. Raison pour laquelle une partie des Républicains et la droite nationale ont accusé l’exécutif de vouloir masquer ces prénoms, à consonance étrangère, pour ne pas être accusé de stigmatisation. Jeudi soir, le porte-parole du gouvernement a tenu à s’en expliquer. «Il n’y a jamais eu de velléités de cacher les identités», a martelé Olivier Véran sur BFMTV.
«Je veux bien qu’on soit dans une société d’informations en continu où parfois le populisme se fait entendre très fortement, qui voudrait qu’on juge avant d’avoir les faits», a raillé le membre du gouvernement. Avant d’«envier» ironiquement «ceux qui arrivent à juger avant d’avoir les faits», et de ne pas «envier un système de justice qui déciderait de juger avant d’avoir les faits.» Quant à la publication des noms des auteurs, le procureur de la République de Valence a rappelé, selon Olivier Véran, qu’ils ne sont révélés qu’«à partir du moment où une saisine du juge d’instruction est effectuée.»
«La grande différence entre une personne qui est interpellée et une personne qui est traduite devant la justice, c’est que dans un cas il y a présomption d’innocence, et dans l’autre cas, il y a une présomption suffisamment forte pour l’emmener au tribunal», a également rappelé l’ancien ministre de la Santé. Pour lui, le message de l’exécutif est le suivant : «On ne livre pas à la vindicte populaire des noms de personnes, qui sont soupçonnées, sans avoir, ne serait-ce, effectué une garde à vue.»
Il faut rappeler que cette polémique autour des prénoms a fait l’objet d’une vive passe d’armes cette semaine entre le ministre de l’Intérieur et le président de Reconquête! Éric Zemmour. Si le second a accusé le premier flic de France de vouloir ««cacher ces noms», indiquant que «chacun comprendra pourquoi», Gérald Darmanin avait, mardi sur France Inter, «pris les propos de Monsieur Zemmour comme une insulte raciste personnelle à (son) encontre.» «Je sais pourquoi il le dit : mon deuxième prénom, c’est Moussa. Je suis petit-fils de combattants français qui viennent d’Algérie. Il ne le fait pas par hasard», avait alors persiflé le locataire de la place Beauvau. Lequel avait laissé «les insinuations de Monsieur Zemmour dans le côté nauséabond de sa pensée.»