Peut-on vouloir proposer ses services à Emmanuel Macron en décembre et annoncer en mars rejoindre Jordan Bardella pour les élections européennes? C’est la question à laquelle le président du Rassemblement national (RN) et Malika Sorel, qui avait annoncé au Figaro rejoindre le parti à la flamme, vont devoir répondre dans les jours à venir.

Dans son édition du mercredi 27 mars, Le Canard enchaîné assure que Malika Sorel, numéro 2 de la liste du RN pour les élections européennes, avait envoyé, plusieurs semaines de suite, des SMS au président de la République. Contacté par Le Figaro, l’entourage d’Emmanuel Macron ne dément pas les SMS révélés par l’hebdomadaire satirique.

Selon les propos reproduits par le Canard enchaîné, Malika Sorel aurait fait des appels du pied au chef de l’État pour devenir ministre de l’Éducation nationale. L’hebdomadaire présente cinq messages, envoyés entre le 16 janvier dernier et le 8 février. Le dernier déclarant ceci : « Si vous peinez tant pour le casting, sachez que j’ai codirigé le groupe Education-recherche des anciens de sciences po Paris ».

Ce mardi 26 mars, Malika Sorel était sur la scène de la Maison de la chimie, à Paris, en compagnie de Jordan Bardella et des grands élus et cadres du RN, pour participer aux « états généraux de l’immigration » que le parti à la flamme organisait.

Interrogée à la fin du colloque par plusieurs journalistes sur l’article du Canard enchaîné, l’ancienne proche de François Fillon assume, en partie, les révélations de l’hebdomadaire. Elle raconte tout de même une histoire légèrement différente : «J’assume. J’ai eu des échanges avec Emmanuel Macron en décembre. C’est-à-dire que quelqu’un m’a donné son portable, m’a supplié de l’appeler pour lui faire entendre raison parce qu’il estimait qu’Emmanuel Macron prenait des décisions à rebours des intérêts de la France et du peuple français, ce que je pense également.»

Malika Sorel affirme que le chef de l’État «a récupéré quelques éléments de langage pour ses vœux aux Français. J’ai ces SMS qui montrent qu’il a récupéré une partie de ces échanges.» Elle explique ensuite avoir «donné un certain nombre d’éléments pour lui faire comprendre que ce qu’il faisait était contraire à ce qui devrait être son action au service de la France.»

A-t-elle formellement demandé à devenir ministre ? «J’ai redit ma volonté d’aider la France, en particulier sur les questions d’éducation, parce que c’est ce sujet que je devais porter pour François Fillon», répond-elle sans donner plus de précision. Aurait-elle accepté d’entrer au gouvernement ? «Emmanuel Macron n’est pas absolument sur ma ligne. Il est sur une ligne anti-républicaine, il l’assume. Et donc je n’avais strictement rien à faire chez Emmanuel Macron», assure Malika Sorel.

Dans son interview au Figaro, l’ex-membre du Haut Conseil à l’intégration, n’avait pas eu de mots assez dur pour décrire la présidence d’Emmanuel Macron qui «a ratatiné la France». «Il n’est plus en position de donner des leçons aux autres alors que son propre pays est confronté à un chaos sécuritaire grandissant.»

L’essayiste affirme que le dernier message qu’elle assure avoir envoyé à Emmanuel Macron disait que «De Gaulle avait à ses côtés Couve de Murville et André Malraux et qu’Emmanuel Macron avait à ses côtés Stéphane Séjourné (…) et Rachida Dati». Et de conclure par : «M. le Président, je ne peux imaginer que vous soyez insensible et indifférent à l’image que vous laisserez dans l’histoire de France. Est-ce que vous allez agir ou pas?»

Selon Malika Sorel, Jordan Bardella savait «parfaitement que j’ai toujours voulu et que je veux servir la France: donc tout est clair, je suis une femme qui parle toujours de manière limpide, qui assume tout ce qu’elle a fait». L’entourage du président du RN n’y voit, lui, aucun problème. «Macron aurait dû la prendre au gouvernement», réplique-t-on, persuadé de la sincérité de Malika Sorel.