Envoyé spécial à Berne (Suisse)

Piqué au vif. Emmanuel Macron s’est fortement agacé, mercredi, de l’absence d’Éric Ciotti à la deuxième édition de ses «rencontres de Saint-Denis» avec les chefs de partis, prévue ce vendredi. Dans un entretien au Figaro, mardi, le président des Républicains avait annoncé qu’il n’y participerait finalement pas, en précisant que l’absence du président de la République à la marche contre l’antisémitisme avait «fini de (l)e convaincre». Réponse très sèche d’Emmanuel Macron: «Utiliser le contexte que nous vivons pour justifier une absence à une réunion de travail sur des réformes constitutionnelles est absolument indigne de la part d’un dirigeant politique.»

Invité de BFMTV quelques instants après, le député LR des Alpes-Maritimes a jugé que «ces termes expriment un énervement» ainsi qu’un «dépassement dans l’expression de certaines limites de la part du président.» Et de renvoyer le terme «indigne» au chef de l’État pour qualifier son absence à la marche de dimanche. «Quand on prétend rassembler tous les partis pour exprimer l’unité nationale, et quand on ne sait pas l’exprimer dans un moment de gravité pareil…», a alors raillé Éric Ciotti. Qui n’a «pas vocation à être le figurant d’un spot publicitaire d’Emmanuel Macron» à Saint-Denis. «C’est que de la com’…»

Dans sa critique, le chef de l’État avait aussi englobé le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. «Je note avec une certaine surprise que deux dirigeants de partis dits de gouvernement, qui ont eu pendant des décennies à gouverner la France avant que je ne sois élu pour la première fois à la présidence de la République française, font le choix de ne pas venir à des rencontres inédites, celles où un président de la République décide de travailler avec des responsables politiques de toutes les sensibilités», a-t-il déclaré, dénonçant «une faute politique majeure». Outre Ciotti et Faure, le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, boycotte lui aussi la réunion.

«Ils iront expliquer à leurs électeurs pourquoi ils ne sont pas là quand on a discuté de l’évolution de l’article 11 du référendum, de décentralisation, pourquoi ils ne sont pas là quand le président de la République avait cru bon de les associer sur des sujets essentiels à la vie de la nation», a conclu Emmanuel Macron d’un ton irrité.

L’entourage présidentiel avait assuré mardi que «les portes de cette rencontre resteront ouvertes à tous ceux qui y ont été conviés». Mais avec trois opposants en moins dans la salle, Emmanuel Macron ne peut se targuer de réitérer son «initiative politique d’ampleur» de la fin août, lorsqu’il avait dialogué pendant environ douze heures avec l’ensemble des chefs des partis représentés à l’Assemblée nationale.