Calmer la grogne. Face au mouvement de colère dans la police, l’exécutif tente de jouer l’apaisement. Après avoir rencontré les syndicats de policiers jeudi, Gérald Darmanin s’est entretenu vendredi avec Élisabeth Borne pour faire le point sur la crise. «Une rencontre dans le cadre des entretiens très réguliers entre la première ministre et le ministre de l’Intérieur», minimise-t-on au sein de l’exécutif.

La veille, Gérald Darmanin avait avancé une série de propositions pour répondre aux revendications des policiers, notamment sur la détention provisoire des policiers. «Il ne voit pas d’inconvénients (…) à travailler sur l’article 144 du code de procédure pénale, qui porte sur la détention provisoire, afin qu’on mette une clause et que notamment les forces de l’ordre soient exclues de ce dispositif, dans l’exercice de leur mission bien évidemment», avait expliqué Fabien Vanhemelryck, secrétaire général d’Alliance, à l’issue de la rencontre.

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L’idée doit toutefois être soumise à expertise «afin de voir si les propositions faites sont réalisables», indique-t-on au sein du gouvernement. À la fin de l’été, le ministre de l’Intérieur rencontrera le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, pour lui en rendre compte. Vendredi, des hauts magistrats ont manifesté «leur inquiétude» après les propos du ministre de l’Intérieur qui avait estimé qu’une «présomption de culpabilité» pesait sur les policiers dans des affaires judiciaires, une nouvelle «atteinte» selon eux à l’indépendance de la justice.

Les tensions entre la police et la justice se sont déplacées sur le terrain politique. Vendredi toujours, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a dénoncé «un triumvirat constitué par le ministre de l’Intérieur, par le DGPN (directeur général de la police nationale) et par le préfet de police de Paris, qui tous les trois défient les règles républicaines, les grands principes qui nous régissent, l’indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs, l’égalité des citoyens devant la loi» avant de demander «à tous les trois» de démissionner.

Dans l’immédiat, Gérald Darmanin va se rendre très vite à Marseille pour rencontrer quelques policiers et échanger avec eux. Depuis l’incarcération d’un policier de la BAC, soupçonné d’avoir roué de coups un jeune homme de 22 ans, avec trois autres de ses collègues, la police tourne au ralenti. Le mouvement de protestation s’est étendu dans tout le pays.