Les élections européennes auront lieu dans un peu plus de 5 mois, et déjà la Russie de Vladimir Poutine revient hanter le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen et de Jordan Bardella.

Dans une longue enquête, publiée le 30 décembre, le journal américain Washington Post affirme que Moscou « s’évertue à saper le soutien français à l’Ukraine, selon des documents » et met en cause le parti nationaliste français dans cette opération.

Un homme est au cœur de cette enquête : Jean-Luc Schaffhauser, ancien député européen du RN, qui avait aidé son parti à trouver deux prêts bancaires, indispensables à sa survie. L’un de ces prêts est le fameux « prêt russe », obtenu en 2014 auprès d’une banque russo-tchèque, avant d’être racheté par une obscure entreprise russe.

Cet encombrant prêt était un véritable boulet politique, surtout après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Il avait été identifié par Jordan Bardella, président du RN, et les lieutenants de Marine Le Pen comme un obstacle à la conquête du pouvoir pour la présidentielle de 2027. Il a été soldé entièrement en septembre dernier.

Entre-temps, russophile convaincu, Jean-Luc Schaffhauser, 68 ans, s’était fait très discret. Il n’avait pas été reconduit sur la liste du RN pour les élections européennes de 2019. Selon l’enquête du Washington Post, l’homme travaille aujourd’hui « sur des plans visant à propulser des politiciens pro-Moscou au pouvoir ». « Tous les gouvernements d’Europe occidentale seront changés », affirme même Jean-Luc Schaffhauser au journal américain, qui révèle que l’ancien député européen « loue un étage de sa résidence » à Strasbourg au numéro deux de l’ambassade de Russie en France.

Selon le Washington Post, qui cite des documents obtenus par un service de sécurité européen, la Russie mène une entreprise de «subversion» en France, dans laquelle le RN, présidé par Jordan Bardella, jouerait un rôle important. L’objectif plus large serait de déstabiliser l’Europe.

Ces documents montreraient comment Sergueï Kirienko, premier chef de cabinet adjoint de l’administration de Vladimir Poutine, a chargé des stratèges politiques du Kremlin de créer des tensions politiques en France à travers les réseaux sociaux et des personnalités politiques françaises. Les méthodes, selon le journal américain, combinent l’influence des réseaux sociaux, avec l’aide de «fermes à trolls», et l’appui de partis d’extrême droite.

Il s’agit avant tout de diffuser des éléments de langage favorables à la Russie et contre la guerre en Ukraine : affirmer que les sanctions économiques visant Moscou pourraient engendrer une crise économique et sociale en France, qu’il y a un risque de troisième guerre mondiale en livrant des armes à l’Ukraine ou encore que seuls les États-Unis tirent un bénéfice de la guerre en Ukraine.

Interrogé ce mardi 2 janvier sur Sud Radio à propos de cette enquête, Laurent Jacobelli, député RN et porte-parole du parti déclare : «Tout ça est une cabale». Il affirme qu’il «n’y a aucun lien» entre la Russie et son parti.

Sur Twitter, le parti présidentiel Renaissance a attaqué le parti nationaliste dans une série de messages sur X : « Le RN est bien le porte-parole du Kremlin en France ».