Plusieurs fois reporté, le projet de loi immigration est attendu dès ce lundi 5 novembre au Sénat, avant son examen à l’Assemblée nationale début décembre. Alors que le gouvernement se cherche encore une majorité, les regards se tournent vers le Rassemblement national (RN), où Marine Le Pen a fait savoir que son groupe «n’excluait pas» de voter cette «petite loi». «S’il y a des mini-dispositions qui auront de mini-résultats, on va quand même les voter. On ne va pas s’opposer», a confirmé le député RN du Nord, Sébastien Chenu, invité dimanche du «Grand Jury RTL pour Le Figaro». Avant d’étriller une loi «ni faite, ni à faire», dépourvue d’«efficacité».

Deux lignes rouges sont toutefois brandies par le vice-président RN à l’Assemblée nationale, sans lesquelles l’exécutif ne pourra compter sur les voix du groupe de 88 députés. Le retrait d’abord du fameux article 3, qui prévoit la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension. «Ça ouvre la voie à une nouvelle immigration», a-t-il balayé. Mais aussi la suppression de l’article 4, qui permet aux demandeurs d’asile, originaires des pays les plus à risque, de travailler immédiatement alors qu’ils ne sont autorisés aujourd’hui à le faire qu’au bout de six mois après le dépôt de leur demande. «C’est fort problématique. La demande du droit d’asile, lorsqu’elle n’est pas validée, ne doit pas vous entraîner automatiquement à pouvoir obtenir des droits en France», a-t-il poursuivi.

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Les bancs du RN ne manqueront pas non plus de prendre part à une motion de censure, en cas d’un passage en force par l’activation de l’article 49.3. Une partie des députés LR agite déjà la menace, conditionnant eux aussi leur vote au retrait de la disposition sur les métiers en tension. «On peut (la voter), on ne va pas s’en empêcher», a soutenu Sébastien Chenu, sans croire aux chances de l’initiative de la droite. «Les Républicains savent que la gauche ne la votera pas. Ils ont une trouille infinie qui est de retourner devant les électeurs, donc ils peuvent déposer des motions de censure quand ils savent qu’elles ne seront pas votées», a-t-il raillé.

Près d’un mois après les attaques du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier, Sébastien Chenu s’en est également pris au «coming out quasi antisémite» de La France insoumise (LFI). Enlisé dans les polémiques, le mouvement mélenchoniste a notamment refusé de qualifier le Hamas de terroriste. «LFI active tous les codes d’un antisémitisme le plus crasse avec une seule vocation : faire des clins d’œil électoraux à des populations sensibles à un discours islamiste dans notre pays», a-t-il tancé.

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Dans le viseur du député RN du Nord, les messages «connotés» de Jean-Luc Mélenchon après la visite de Yaël Braun-Pivet en Israël. Le leader insoumis avait accusé la présidente de l’Assemblée nationale de «camper à Tel Aviv pour encourager le massacre». «C’est un homme de culture. Il sait très bien ce qu’il écrit sur Yaël Braun-Pivet», a-t-il pointé, dénonçant des propos avec une «portée antisémite».