C’est un courrier salé, que Le Figaro a pu se procurer. Au lendemain du vote du conseil national du PS qui a approuvé la liste des socialistes pour les européennes, Carole Delga a pris la plume pour interpeller Olivier Faure. Bien qu’elle se «félicite» de la reconduction de Raphaël Glucksmann comme tête de liste, la présidente de la région Occitanie, en délicatesse avec la direction, considère comme criant le manque de diversité des territoires dans les places considérées «éligibles». En déplorant un «centralisme d’un autre âge» pour critiquer la surreprésentation des profils parisiens, elle explique : «Je me fais ici la porte-parole de nombreux adhérents et sympathisants de notre parti qui regrettent le manque d’ouverture territoriale».

«Ils constatent, comme moi, que le jeu des arrangements internes a effacé l’impérieuse nécessité politique à faire entendre justement, en France et en Europe, la voix de celles et ceux qu’on n’entend pas ou qui n’arrivent plus à se faire entendre», déplore-t-elle. Carole Delga évoque notamment le manque de représentation des «Hauts-de-France», des «banlieues parisiennes», de «Marseille», de la «Bretagne», de l’«Occitanie», des «Outre-mer». «Ces territoires sont souvent en haut des classements de chômage, de précarité, des injustices sociales, des difficultés d’accès à la santé… Ils ne sont pas, hélas, en haut de la liste PS aux européennes», raille-t-elle.

«Si notre parti n’émet pas un signal politique fort et notamment celui de rendre visibles tous les invisibles de notre pays, alors à quoi sert-il, sinon à contribuer à cette fatalité qui plombe une bonne partie des Français, notamment celles et ceux qui se revendiquent toujours de gauche?», prévient Carole Delga, mettant en garde contre le risque que les électeurs se tournent vers «les populistes et les démagogues».

Pour la présidente de la région Occitanie, il est néanmoins «encore temps de revoir les choses». Elle propose que les socialistes se remettent autour de la table. «La liste actuelle est le fruit de compromis internes. Je propose qu’elle soit, demain, le fruit d’une ambition collective», soutient-elle. Carole Delga en a aussi profité pour inciter Olivier Faure à davantage s’appuyer sur le «maillage territorial» du parti. «Je te le redis une nouvelle fois : je regrette que le parti ne s’appuie pas plus sur cette force», déplore-t-elle.