L’accord de sécurité entre la France et l’Ukraine, signé le 16 février à l’Élysée lors d’une visite de Volodymyr Zelensky, a pour but de «graver dans le marbre» l’aide militaire française à l’Ukraine. Peu avant, le président ukrainien avait paraphé un texte allant dans le même sens avec l’Allemagne. En janvier, les Britanniques avaient inauguré ce type d’engagement à l’occasion d’un voyage surprise à Kiev du premier ministre, Rishi Sunak.
Ces accords sont conclus dans la logique dessinée lors du dernier sommet de l’Alliance atlantique à Vilnius, en juillet 2023, où les pays membres de l’organisation n’avaient pas voulu fixer de calendrier pour une adhésion de l’Ukraine à l’Otan. Les puissances du G7, rejointes par 25 autres États, ont donc décidé de négocier avec Kiev des partenariats bilatéraux.
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L’accord franco-ukrainien prévoit «la fourniture d’une assistance globale à l’Ukraine» pour «le rétablissement de son intégrité territoriale dans ses frontières internationalement reconnues». Dans ce texte conclu pour «une durée de dix ans», Paris s’engage à fournir en 2024 «jusqu’à 3 milliards d’euros» d’aide militaire «supplémentaire» à Kiev, après un soutien que la France établit à 1,7 milliard en 2022 et à 2,1 milliards en 2023. Ce chiffrage était très attendu alors que la France a été critiquée pour le flou qu’elle entretiendrait sur la réalité de son aide.
S’il contient des clauses diplomatiques, comme l’engagement à soutenir l’adhésion de Kiev à l’UE et à l’Otan, un volet sur le renseignement, notamment une coopération pour lutter contre la désinformation, l’accord porte essentiellement sur la fourniture de matériels militaires.
Paris ne s’est pas engagé à cette occasion à de nouvelles livraisons et n’a pas vraiment détaillé ses intentions. Emmanuel Macron entend instaurer une nouvelle logique de production directe d’armements pour l’Ukraine. Nexter, le constructeur des canons Caesar, a porté sa capacité de production à 78 pièces par an, qui peuvent être entièrement fournies à l’Ukraine. Mais, pour cela, il faudrait passer une commande, ce qui n’est le cas que pour 18 canons. La livraison d’avions Mirage, notamment les versions bombardiers, n’est pas envisagée par le gouvernement.
La France en a profité pour récapituler ses précédentes livraisons, comme des moyens d’artillerie, notamment 30 Caesar, ou de défense antiaérienne avec un système de longue portée SAMPT ou des radars GM200, des véhicules blindés et «une centaine» de missiles Scalp.
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L’Allemagne s’est montrée plus précise. Elle a déjà débloqué une enveloppe de près de 7,1 milliards pour 2024, après 5 milliards en 2023. Berlin a également annoncé la livraison de 36 obusiers blindés PzH2000, de 120.000 obus, de deux systèmes antiaériens, pour une valeur totale de 1,13 milliard d’euros. Poussé par Berlin, Rheinmetall a prévu d’ouvrir en Ukraine une usine de production d’obus capable, en 2025, de fournir 200 000 munitions de 155 mm par an.
Londres, qui promet une aide militaire de 2,5 milliards de livres sterling (2,9 milliards d’euros) pour les années 2024 et 2025, a donné des détails. Les Britanniques prévoient de livrer de nouveaux missiles Storm Shadow – leur version du Scalp -, des centaines de milliers d’obus, des drones et des armes antichars.