Le fameux «rendez-vous avec la nation» commence à prendre forme. Après les vœux aux Français du 31 décembre, après la nomination surprise de Gabriel Attal à Matignon, après un remaniement assez droitier, il reste encore au moins deux dates à cocher dans le calendrier d’Emmanuel Macron. Dès ce lundi soir, d’abord, puisque le président de la République a convié le nouveau gouvernement et l’ensemble des parlementaires de la majorité à l’Élysée. Y compris les ministres sortants, élus aux législatives de 2022, et qui n’ont pas été reconduis dans la première vague de nominations: Élisabeth Borne, Olivier Dussopt, Stanislas Guerini, Olivier Véran, Franck Riester, Clément Beaune et Olivia Grégoire. «C’est la première fois de la législature que le chef de l’État organise un tel événement», observe un proche, qui promet une opération remobilisation. «Ça va être un peu les “Rencontres du troisième type”… Dati qui se présente aux marcheurs, Vautrin qui trinque avec Houlié…», s’amuse-t-on d’avance dans l’exécutif.
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Après un bref propos introductif, qui consistera principalement à remercier ses troupes pour l’année écoulée, et à prendre date pour les grands textes à venir comme l’IVG ou la fin de vie, Emmanuel Macron passera dans les rangs pour échanger avec ses invités du soir. «Après la réforme des retraites et la loi immigration, qui étaient indispensables mais qui ont été difficiles, il veut prendre le temps de les écouter. Le problème, c’est que tous ceux qui espèrent être repêchés dans la liste des secrétaires d’État ne vont pas le lâcher!», ironise un cadre de Renaissance.
Ceux qui attendent un grand discours de sens en seront toutefois pour leurs frais. «Ça va surtout être du calendrier», prévient un visiteur. Car une autre soirée est prévue à l’Élysée, dès le lendemain: Emmanuel Macron veut se confronter aux journalistes mardi, peu après 20 heures, lors d’une grande conférence de presse façon prime time, pour toucher le plus grand nombre. Un exercice dont il ne raffole pas vraiment, et qu’il n’a convoqué qu’à deux reprises durant son premier quinquennat – après la crise des «gilets jaunes», et avant la présidence française de l’Union européenne -, ainsi qu’une troisième fois durant la dernière campagne, pour présenter son programme. «Là, il y aura un propos liminaire où il va préciser son cap, avant de répondre à toutes les questions», prévient un intime au fait des réflexions sur le sujet. «Il sera dans l’épure gaullo-mitterrandienne», s’enflamme un conseiller.
S’il entend ressouder ses troupes lundi soir, et rassurer le pays mardi soir, Emmanuel Macron envisage de profiter de l’une ou l’autre de ces deux expressions pour faire passer quelques messages à son premier ministre. Voire mettre un peu la pression au chef du gouvernement, qui a enchaîné cinq déplacements en cinq jours. Le président devrait ainsi fixer lui-même le jour du discours de politique générale que Gabriel Attal prononcera devant l’Assemblée, avant le 25 janvier au plus tard. Le chef de l’État pourrait aussi lui rappeler, comme il l’avait déjà fait avec Élisabeth Borne, qu’il apprécie les gens qui «prennent leur risque». Autrement dit, l’encourager à se soumettre à un vote de confiance du Parlement.