Les présidents de partis représentés au Parlement peuvent cocher la date dans leur calendrier. Le 30 août, tous sont conviés à rencontrer Emmanuel Macron«dans un lieu en région parisienne». Tous, y compris La France insoumise et le Rassemblement national, habituellement exclus au motif de ne pas appartenir à «l’arc républicain». C’est la première étape de la «grande initiative politique» de l’exécutif, annoncée par le président au Figaro Magazine au milieu de l’été.
Le chef de l’État en a précisé les contours dans une interview-fleuve accordée au journal Le Point, affirmant: «Notre nation traverse un moment que je juge inédit». «Je considère que ma responsabilité est de proposer à toutes les forces politiques représentées dans nos assemblées d’essayer d’agir ensemble», justifie-t-il d’emblée. L’objectif est de permettre à chacun de prendre la parole, «à propos de la situation internationale et de ses conséquences sur la France», «des nuits d’émeutes que nous avons connues» et de sujets tels que «la famille, l’école, le service national universel, la transmission de notre culture, notre langue, la régulation des écrans, mais aussi notre organisation et nos institutions dans tous les territoires». Emmanuel Macron espère ensuite trouver «des accords utiles pour la France», prenant la forme de «décisions immédiates», «projets et propositions de lois» et même «projets de référendums».
«Les oppositions compatibles sont trop divisées (…), on ne peut que constituer des majorités de projet», reconnaît aussi le chef de l’État. Excluant de fait tout scénario de coalition, pourtant réclamé en mars dernier à Élisabeth Borne. La situation au Parlement reste particulièrement fragile ; l’examen du budget et celui de la loi consacrée à l’immigration promettant d’être particulièrement tendus. Les Républicains ont en effet déjà brandi la menace d’une motion de censure, si l’un ou l’autre de ces deux textes était finalement adopté par voie de 49.3 sans répondre à leurs attentes.
Le président LR, Éric Ciotti, a d’ailleurs eu l’occasion d’échanger avec Emmanuel Macron par téléphone mardi soir, selon une information du Parisien confirmée au Figaro. Ils ont évoqué ensemble les grands thèmes de l’actualité, ainsi que la nouvelle initiative présidentielle. Les Républicains, qui devraient y répondre favorablement, se réservent toutefois une communication officielle à l’issue de leur rentrée politique, prévue ce week-end à Levens (Alpes-Maritimes). Le patron du Rassemblement national, Jordan Bardella, a de son côté déjà confirmé sa présence. Tandis que les partis de gauche se disent encore en attente de réception d’une invitation en bonne et due forme.
Emmanuel Macron s’est également livré à de multiples annonces. Concernant l’école, d’abord, qu’il considère désormais comme un sujet «régalien», et pour lequel il appelle à «sortir des hypocrisies françaises». Le chef de l’État souhaite avancer la rentrée scolaire des élèves «évalués» comme étant les plus en difficulté, pour les faire revenir à l’école dès le 20 août. Il veut aussi «reconquérir le mois de juin pour les élèves qui ne passent pas d’épreuves en fin d’année». «Il y a trop de vacances et de journées trop chargées», fait-il savoir. Sur l’immigration, le chef de l’État assure que «la situation que nous connaissons n’est pas tenable et (que) nous devons réduire significativement l’immigration, à commencer par l’immigration illégale», ouvrant la porte à une réduction de l’immigration légale.
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Avant la publication de l’interview présidentielle, c’est Élisabeth Borne qui a répondu une heure durant aux auditeurs de France Bleu. À la sortie du Conseil des ministres de rentrée, la première ministre a assuré qu’il «n’est pas question d’augmenter les impôts des ménages, au contraire». Mais la réalité économique a bel et bien rattrapé l’exécutif. Si les impôts n’augmenteront pas, certaines taxes devraient être rehaussées. Ainsi, l’augmentation des franchises médicales est «une piste» explorée par le gouvernement, qui aura à trancher la question «prochainement», a admis Élisabeth Borne. À l’inverse, elle a écarté tout projet de réévaluation de la fiscalité sur l’alcool. «J’entends tout à fait les attentes fortes des classes moyennes», a martelé la chef du gouvernement.
Un sujet qui sera évoqué dimanche à Tourcoing, où Gérald Darmanin va réunir ses proches pour plancher sur les inquiétudes des «gens qui gagnent moins de 2500 euros par mois». Un rendez-vous qui doit mettre en lumière les nouvelles ambitions du ministre de l’Intérieur, que Nicolas Sarkozy aimerait voir à l’Élysée en 2027. «On est en 2023, on prépare 2024. 2027, c’est bien loin», a tancé Élisabeth Borne, qui n’a pas été conviée à la rentrée organisée par son ministre. «Moi, ma préoccupation, c’est vraiment la cohésion du gouvernement, l’efficacité de l’action du gouvernement, l’unité de la majorité», a-t-elle affirmé alors que le chef de l’État n’a fait aucune allusion à l’initiative du locataire de la Place Beauvau.