Chronologie en trois temps. Le 30 octobre, un enseignant palestinien fondateur de la première école francophone de Gaza, désormais étudiant en linguistique à la faculté de Lille, qu’une OQTF obligerait à retourner dans le territoire palestinien. «Nous ne sommes pas tous Hamas», déclare dans l’article ledit militant pour la paix.

Le 9 novembre, Adrien Quatennens, député LFI du Nord, reçoit Waleed Aboudipaa à sa permanence parlementaire. «À Gaza, écrit l’élu sur X (ex-Twitter) tout le monde l’appelle “le Français”. Il se vit comme un ambassadeur de la France, de la francophonie et de ce qu’elle représente. Il est parfaitement intégré.»

Le 10 novembre, le journal Le Point révèle que le francophone a glorifié, sur Facebook, à plusieurs reprises, les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre dernier.

Le journaliste du Point a visité la page Tabassam Info Gaza Palestine créée par Waleed Aboudipaa en mai 2023 dans le but d’y compiler des infos sur Gaza. Le matin de l’attaque, le Palestinien publie un texte sur fond noir «Quand un peuple est quotidiennement colonisé, occupé, martyrisé et humilié, il ne faut pas être surpris quand ce peuple résiste.» Le 8 octobre, il poste une photo de terroristes en parachute avec en légende : «Les Gazaouis ont cassé toutes les règles avec zéro technologie ou équipement», accompagné de smileys ravis.

Sur d’autres publications, des photos d’otages sont accompagnées de commentaires. «La roue tourne !», commente Aboudipaa à côté du portrait d’un général kidnappé par les terroristes. Autre message, même esprit : «Les Palestiniens ont trouvé une mamie israélienne avec sa petite voiture de golf. On la fait [sic] de tourisme à Gaza, par contre on va jamais fait [sic] mal à sa vieille dame en plus elle a l’air contente [émojis rieurs]», écrit-il en faisant référence à une vidéo qui montre le Hamas kidnapper une vieille dame israélienne dans une voiturette de golf.

Deux jours après l’attaque que le professeur qualifie «d’opération militaire de grande envergure menée par la résistance palestinienne contre l’occupation», il remplace la banale illustration de son groupe Facebook par une image générée par intelligence artificielle montrant un soldat voler en parachute vers la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem. Le nom de l’opération du Hamas ? Déluge Al-Aqsa. Le soir de la parution de l’article du Point, Aboudipaa change de nouveau l’image de sa page. Désormais, c’est un dessin d’un Palestinien entouré de slogans pour la paix.

Joint par Le Point, l’intéressé n’a pas renié ses messages, se bornant à assurer : «Je ne soutiens ni n’ai jamais été engagé ici en France ou à Gaza dans aucun parti politique, quel qu’il soit.»

Confronté aux publications de l’homme dont il a assuré vouloir empêcher l’expulsion, le député Adrien Quatennens a assuré au Point n’en avoir «pas eu connaissance». Sur Twitter, l’élu a accusé le journal de tenter «une polémique ridicule». Contactés par Le Figaro, aucun des deux hommes n’a accepté de répondre.

L’article de nos confrères comporte aussi une précision importante : si Waleed Aboudipaa se dit menacé d’une expulsion vers Gaza car, selon la préfecture du Nord, il n’a pu «justifier du réel et du sérieux des études poursuivies», il pourrait en réalité être expulsé vers la Turquie. «La conjointe et les trois enfants de M. Aboudipaa résident en Turquie, et non en Palestine», explique la préfecture.

Au matin du 11 octobre, toutes les publications mentionnées par Le Point avaient disparu du groupe Tabassam Info Gaza Palestine. Seules deux sont encore visibles sur la page personnelle de Waleed Aboudipaa.