Les annonces du premier ministre, vendredi soir, dans l’espoir d’apaiser la colère des agriculteurs, n’ont pas convaincu la classe politique. De la promesse d’un «choc de simplification» à la fin de la hausse du GNR agricole (gazole non-routier), les premières réactions n’étaient pas teintées, d’un enthousiasme débordant.

À droite, Les Républicains sont très mitigés. «On n’apporte pas une preuve d’amour avec une simplification du contrat de mariage. Je n’ai rien entendu sur la réciprocité et la concurrence déloyale. La vérité, c’est que nos agriculteurs sont faits cocus par nos importations déloyales qui ne respectent pas nos normes», réagit le député Antoine Vermorel-Marques, en invitant le gouvernement à s’emparer de la proposition LR sur le sujet.

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Quant à l’annulation de la hausse sur le GNR, il estime que cela ne change «rien» à ce qui était prévu. Pour Julien Dive, député de l’Aisne, qui dévoilera mercredi un livre blanc sur l’agriculture préparé avec son collègue sénateur de la Haute-Loire Laurent Duplomb, le premier ministre «pose le bon diagnostic». Mais le parlementaire se dit «déçu»: On reste sur notre faim: il annonce vouloir simplifier, d’accord, mais c’est un peu flou. Ça manque de concret.»

De la même manière, estime Dive, certains sujets chers au monde agricole ont manqué: «On s’attendait à une vision du marché européen, du revenu des agriculteurs… Il n’y a rien sur le revenu!» Si Gabriel Attal a «pris la mesure de la crise», poursuit le député, il estime que le monde agricole lui est visiblement «inconnu et étranger». «Ce n’est pas contre lui mais ce n’est pas en quelques jours avec des notes de spécialistes techniciens, que l’on prend la mesure de ces hommes et de ces femmes qui souffrent.»

Les cadres RN ont dénoncé à l’unisson les annonces du premier ministre sur le traité de libre-échange avec l’Amérique du Sud, le Mercosur. «En dehors du Mercosur, aucune annonce de Gabriel Attal sur les cinq autres traités de libre-échange en négociation pour permettre d’inonder le marché européen de produits agricoles du monde entier, dénonce Thierry Mariani sur X (ex-Twitter). Mais rien de surprenant, les amis de Macron les soutiennent à Bruxelles.» «Des paroles… contraires aux actes!», accuse le député RN Alexandre Loubet, directeur de campagne de Jordan Bardella.

«Aujourd’hui, Gabriel Attal déclare se battre contre les traités de libre-échange qui sont la loi de la jungle, mais avant-hier à Bruxelles, les députés macronistes ont voté un énième traité déloyal avec le Chili…» «Entre communication contredisant totalement ce que le gouvernement a soutenu pendant sept ans et mesurettes insuffisantes, Gabriel Attal n’a rien annoncé qui permette d’assurer la pérennité et le renouveau du modèle agricole français», affirme pour sa part Jordan Bardella.

À gauche, la déception est là aussi palpable. «On aurait aimé être convaincu, mais les mesures annoncées ne sont pas du tout à la hauteur de la crise sociale actuelle», confie-t-on au sein de l’état-major d’Europe Écologie-Les Verts. La secrétaire nationale du parti, Marine Tondelier, regrette des «mesures incantatoires qui n’adressent pas le fond du sujet, c’est-à-dire la question de la rémunération des agriculteurs». L’annonce de la fin de la hausse de la taxe sur le GNR était anticipée par les écologistes. «Attention à ne pas se focaliser sur cette question du carburant», prévenait EELV.