Plus de 200 militants des Républicains attendaient Éric Ciotti jeudi soir au Touquet. Le président du parti avait prévu de mobiliser les troupes autour de la thématique « travail », dans le cadre d’une nouvelle étape des états généraux de la droite. Daniel Fasquelle, maire bien implanté du Touquet et trésorier du parti LR, présente son département comme le «village gaulois» de la droite où «César a une résidence secondaire», ironise-t-il en évoquant le président de la République. Un département du Pas-de-Calais où, souligne Fasquelle, les LR sont arrivés en tête des dernières élections sénatoriales, alors que la région des Hauts-de-France est présidée par le LR Xavier Bertrand.
La veille, le maire avait observé le nombre d’inscrits à l’événement comme le signe d’un certain frémissement. «Les militants reviennent vers nous. Il y a une vraie attente, un vrai besoin. Les gens savent que Macron ne se représentera pas et constatent que Gabriel Attal, ça ne prend pas. Un espace se libère dont et les LR sont perçus comme un point de repère. Et je vois des choses qui n’arrivaient plus», affirme l’élu.
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Réalité tangible ou méthode Coué ? Les réflexions recueillies jeudi soir au sein de cette base militante réunie sur la Côte d’Opale révèlent une famille politique impatiente de voir enfin la droite rebondir à cinq mois des élections européennes, alors que les sondages n’indiquent pas encore de dynamique. «Il y a toujours un décalage entre les mesures d’opinion et le terrain», se rassure Daniel Fasquelle, qui veut croire que François-Xavier Bellamy, figure de proue de la prochaine bataille électorale européenne, saura rapidement incarner la droite comme d’autres figures du parti, et démontrer que Les Républicains restent une force politique placée «au centre de tous les combats», de la politique migratoire à l’agriculture.
Geoffroy Didier, député européen et chef d’orchestre de ces états généraux de la droite consacrée au travail, rend hommage à la «France travailleuse». Pierre-Henri Dumont, député du Pas-de-Calais et co-animateur de la table ronde, invite l’assistance à ne pas manquer le rendez-vous des européennes avec un message : «Si l’on veut défendre la France qui travaille, il n’y a qu’un seul choix possible, c’est François-Xavier Bellamy !». Le sénateur Jean-François Rapin, insiste quant à lui sur le pouvoir d’achat, la formation des jeunes, la précarité croissante des étudiants et la nécessité d’un retour de souveraineté.
Un pêcheur, une infirmière libérale, un directeur financier, une pharmacienne et un agriculteur prennent place sur la scène. Tous sont invités à décrire les réalités de leur quotidien professionnel. «Les gens sont tellement dégoûtés de ce qui se passe en Europe, qu’ils ont des tendances extrémistes. On est harcelés de toutes parts», se plaint le premier intervenant, lassé par des politiques européennes qu’il perçoit comme des obstacles. Il se reconnaît dans le combat actuel des agriculteurs. On entend aussi un cri d’alerte sur la dégradation des conditions de travail dans le domaine des soins, des alarmes sur les pénuries inédites de médicaments, le découragement de la jeunesse face à la multiplication d’obstacles, l’impossibilité de recruter dans la restauration, l’inflation des normes absurdes, le matraquage juridique pesant sur les agriculteurs…
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Finalement, ce rendez-vous LR a le mérite d’offrir la photographie d’une crise profonde. Il est le reflet d’une France qui doute à laquelle Les Républicains veulent promettre un chemin d’espoir et de «bon sens», comme le dit Éric Ciotti avec insistance, en dénonçant «l’absurdie française» dans laquelle la France «s’enfonce chaque jour un peu plus». Ironisant sur les résultats économiques du «Mozart de la finance», déplorant la hausse de l’insécurité ou encore la dérive de la politique migratoire et des services publics, le chef de la droite dresse à son tour un tableau noir du pays. «Il faut renverser la table. On peut sortir de l’ornière !», lance-t-il à une assemblée attentive alors que François-Xavier Bellamy entre tardivement dans la salle sous les applaudissements.
La droite sera-t-elle entendue ? Une première réponse sera offerte lors des prochaines élections en juin mais en attendant, Les Républicains croisent les doigts. Et quand le maire LR du Touquet se compare, il se rassure. «Le parti présidentiel Renaissance ne serait pas capable de réunir 200 personnes comme nous le faisons ce soir. Ils ont des électeurs mais pas de points d’appuis. Et malgré tout ce qui s’est passé chez Les Républicains, nous, nous avons gardé cette force de frappe.»