Un soulagement et une bonne nouvelle. Éric Ciotti peut souffler : les sénateurs qui avaient manifesté leur colère cette semaine contre les « attaques » du député Aurélien Pradié (Lot) en menaçant de ne pas se rattacher financièrement aux Républicains ont finalement décidé de conserver leur dotation publique en faveur au parti.
Jeudi soir, date limite pour déclarer son rattachement à un groupe politique, le parti LR a pu constater que la situation restait stable. Sur les 133 sénateurs siégeant au sein du groupe, 127 ont bien accepté de flécher leur dotation de l’État vers LR, soit la modique somme d’environ 37 000 euros par an et par élu. Seuls 6 sénateurs n’ont pas souhaité modifier leur accord avec LR pour des raisons d’autonomie liées à leur mandat (Français de l’étranger et Outre-mer).
Cet épilogue favorable à la droite semble indiquer que les sénateurs souhaitaient surtout presser le parti LR de sévir à l’égard du député Pradié. Lequel occupa les postes de secrétaire général avant d’assumer une vice-présidence des Républicains éphémère car au moment du débat sur les retraites, le président Ciotti avait jugé que ses positions n’étaient plus compatibles avec ses fonctions exécutives.
Plus récemment, dans le cadre du nouveau débat parlementaire du projet de loi immigration, Aurélien Pradié s’est montré critique à l’égard des travaux de la droite sénatoriale, pas suffisamment efficaces à ses yeux. « Les petits pas et les petits ajustements législatifs ne serviront à rien », a-t-il fustigé en se disant prêt à voter une motion de censure. Mais nombre de sénateurs LR n’ont pas apprécié d’être soupçonnés de faire « la courte échelle à la fin de la macronie ».
En réalité, ces tensions remontent aux dernières élections internes des Républicains. Celles-ci s’étaient soldées par la victoire d’Éric Ciotti et un bon score de Bruno Retailleau en seconde position, alors qu’Aurélien Pradié décrochait une troisième place. La campagne avait été parfois rugueuse entre les écuries des rivaux et depuis l’épisode tumultueux des retraites, le député du Lot est régulièrement perçu par ses collègues comme une source de divisions, quand lui-même défend son droit au débat et à la différence.
Cette semaine Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, lui a reproché de vouloir « exister » au détriment de sa « famille politique ». « Aurélien Pradié souvent, c’est un petit cri existentiel dans le vide de la réflexion », a-t-il attaqué. C’était juste après l’invitation d’Éric Ciotti au palais du Luxembourg cette semaine où le président des Républicains a pu entendre la colère des sénateurs, certains étant allés jusqu’à réclamer la tête de Pradié. Et sur une dizaine d’élus qui n’avaient pas encore enregistré leur rattachement au groupe, trois ou quatre avaient évoqué cette hypothèse avec le risque de priver le parti LR d’une ressource annuelle non négligeable. Finalement, tout est rentré dans l’ordre jeudi soir.
Côté Assemblée, Les Républicains ont pu se réjouir également du rattachement financier de Véronique Besse, députée de la Vendée. Celle qui siégeait jusque-là chez les non-inscrits sans être encartée LR préfère toujours conserver sa « liberté » mais elle a accepté de négocier avec LR sa contribution financière annuelle contre certains avantages techniques. « C’est un échange de bons procédés », explique-t-elle au Figaro. Il faut rappeler qu’un rattachement offre quelques avantages en termes de temps de parole et d’accès à des conseils législatifs, notes et autres décryptages.
Alexandre Vincendet, député du Rhône, s’est également rattaché aux LR à la dernière minute, « pour des raisons d’agenda ». « Il ne faut pas y voir malice », confie au Figaro le parlementaire, souvent qualifié par ses collègues de « plus macronisé » des élus du groupe LR. Vendredi matin, Alexandre Vincendet a pris connaissance d’une notification du Conseil constitutionnel lui demandant de choisir entre ses mandats de conseiller municipal de Rillieux-la-Pape et de conseiller métropolitain. L’élu a toujours vanté l’importance de l’ancrage local mais il dispose de trente jours pour prendre sa décision et il la dévoilera « en temps voulu ». « Jusqu’à présent la loi me permettait de le faire. Je prends acte de la nouvelle interprétation du Conseil constitutionnel. Et je vais réunir mon équipe municipale, sachant qu’il y a des enjeux politiques », précise le parlementaire au Figaro, vendredi.