La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est dite ce dimanche «atterrée» par la présence de députés LFI et écologistes au rassemblement en mémoire d’Adama Traoré, interdit par les autorités, la chef de file des députés Renaissance, Aurore Bergé, dénonçant «une provocation évidente».

«Je suis atterrée de voir des élus de la Nation, arborant l’écharpe tricolore, mutiques et souriants en entendant des manifestants scander ’’tout le monde déteste la police’’», a tweeté la titulaire du perchoir. «Cautionner l’irrespect et la haine envers nos forces de l’ordre, c’est abîmer sciemment la République», a ajouté l’élue Renaissance. «La provocation, elle est double quand vous êtes un élu de la République», a abondé Aurore Bergé, interrogée au Grand Rendez-vous d’Europe 1/CNews. La France insoumise «va volontairement dans des manifestations illégales pour essayer de faire croire que nous vivons ici, en France, dans un pays autoritaire».

Environ 2000 personnes ont participé samedi à Paris à la marche en mémoire d’Adama Traoré, mort il y a 7 ans peu après son interpellation par des gendarmes. Par crainte de troubles à l’ordre public après les récentes violences urbaines, ce rassemblement avait été interdit par la préfecture de police. Une dizaine d’élus LFI et EELV étaient tout de même présents et ont dénoncé le comportement de plusieurs policiers, notamment lors de l’interpellation musclée d’un des frères d’Adama, Youssouf. Ce dernier était toujours hospitalisé dimanche et sa garde à vue a été levée.

Dans le contexte des émeutes qui ont suivi le décès de Nahel, 17 ans, lors d’un contrôle policier, «l’interdiction de la marche Adama était une provocation», a estimé dimanche sur BFMTV la patronne des députés insoumis, Mathilde Panot, présente à ce rassemblement. «Les gens ont besoin de marcher pacifiquement pour exprimer a la fois leur colère et leur revendication», a-t-elle ajouté, demandant «une refonte de la police de la cave au grenier». Interrogée sur le slogan «Tout le monde déteste la police», elle a rétorqué ne pas l’avoir chanté. «C’est une forme d’exaspération que nous ne partageons pas. Il ne me choque pas, mais je ne le dirai pas», a-t-elle ajouté.

La première ministre Elisabeth Borne a, à plusieurs reprises, dénoncé le refus d’appeler au calme de LFI pendant les violences urbaines, l’accusant de sortir du «champ républicain». «C’est être membre de l’arc républicain d’aller à des manifestations où l’on dit ’’tout le monde déteste la police’’? De manière évidente, non», a abondé Aurore Bergé, rebaptisant le mouvement créé par Jean-Luc Mélenchon «La France incendiaire», des mots déjà employés par le président du Rassemblement national Jordan Bardella. «Je ne négocie pas avec l’extrême droite qui trie les Français du fait de leurs origines, de leur durée de vie en France. Je ne négocie pas avec l’extrême gauche qui va dans des manifestations illégales où on insulte la police. Mon groupe mène ce combat avec clarté», a conclu Aurore Bergé.