L’Europe célèbre mardi le 200e anniversaire de la Symphonie n°9 de Beethoven, œuvre mythique qui a retenti pour la première fois à Vienne après avoir notamment vu le jour dans la quiétude de cures thermales près de la capitale autrichienne. Transformée en musée, «la maison de la Neuvième» montre une exposition pour l’occasion, tandis que le chef-d’œuvre de Beethoven, devenu un symbole universel des célébrations humanistes, résonnera en soirée lors de concerts anniversaires à Vienne, Paris ou encore à Milan.
«C’est ici qu’il a beaucoup travaillé à sa symphonie chorale», explique Ulrike Scholda, la directrice de la bâtisse de Baden louée trois étés de suite par le célèbre compositeur. Dans la modeste demeure de villégiature de Ludwig van Beethoven, on peut voir un piano sur lequel il a joué pour des voisins, Baden étant alors une mise au vert d’aristocratie accompagnée d’artistes. Il y est venu «au moins 15 fois», entouré d’admirateurs et de généreux mécènes.
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Il y soignait ses maux nombreux et y puisait l’inspiration, dans la sérénité des eaux de la station, se ressourçant aussi lors de grandes balades dans les forêts des horizons. Une lettre envoyée en 1823 démontre le stress intense qui le dévorait pour livrer au commanditaire, la Société philharmonique de Londres, cette œuvre monumentale dans la dernière période créatrice de sa vie.
Bien qu’il ait vu le jour en Allemagne en 1770, c’est dans la patrie de Mozart que le prodige a passé la majeure partie de sa vie. Et c’est à Vienne qu’il réservera la primeur de la 9e symphonie, le 7 mai 1824. La veille, il s’était précipité en calèche de porte en porte pour «inviter des personnalités à honorer son concert de leur présence», raconte à l’AFP l’historienne de la musique Birgit Lodes. «Il avait trouvé un coiffeur pour le grand soir», s’amuse-t-elle, Beethoven étant passé à la postérité avec un style débrayé et une grosse tignasse grise en liberté. D’une durée d’environ 70 minutes – presque deux fois supérieure à celle de partitions comparables – l’œuvre conquit immédiatement la salle comble, qui réserva au maître un accueil triomphal.
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Ce dernier était présent sur scène, dos au public, pour donner le tempo à l’orchestre. Atteint de surdité, il ne remarqua pas l’enthousiasme du public… avant qu’un musicien ne lui fasse signe de se retourner. Bien que semblant familière dès la première écoute, la Symphonie n°9 a brisé les normes de ce qui était alors un genre «uniquement orchestral», en «intégrant la voix et donc le texte», analyse la musicologue Angelika Kraus.
Son idée d’introduire un chœur final sur l’Ode à la joie du poète Friedrich von Schiller a paradoxalement rendu sa musique plus susceptible d’être instrumentalisée politiquement, notamment par les nazis et les communistes. Les versets sont «relativement ouverts en termes d’interprétation idéologique», souligne Angelika Kraus, même s’ils «transmettent surtout un sentiment d’unité». D’ailleurs, un extrait du dernier mouvement, réarrangé par Herbert von Karajan, est devenu à partir de 1972 l’hymne du Conseil de l’Europe. En 1985, la Communauté européenne l’a adopté à son tour.
Gustav Klimt s’est inspiré de la symphonie pour sa frise du palais de la Sécession, Maurice Béjart lui a consacré un ballet et d’Orange Mécanique à la Casa del Papel, elle a la cote sur les écrans. «On ne se lasse pas de l’écouter car elle est pleine de surprises et de rebondissements, tout en restant agréable à l’oreille», commente Ulrike Scholda.
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Devant la maison de Beethoven à Baden, Jochen Hallof, 67 ans, estime que sa rencontre avec la 9e Symphonie lorsqu’il était enfant l’a conduit sur le «chemin de l’humanisme». «L’humanisme mondial, nous en avons particulièrement besoin à l’heure actuelle. Nous devrions écouter davantage Beethoven au lieu de faire la guerre», dit-il.