Une exposition à la Lisson Gallery de Londres, dédiée au travail de l’artiste chinois Ai Weiwei, a été annulée à la dernière minute en raison des prises de position du plasticien sur le conflit israëlo-palestinien. Un message, publié en octobre sur X (anciennement Twitter) a particulièrement ennuyé la galerie d’art contemporain, comme le raconte The Art Newspaper . Au milieu des dizaines de vidéos de guerre qu’il relaye sur ses réseaux sociaux, Ai Weiwei répondait à un internaute : «Le sentiment de culpabilité lié à la persécution du peuple juif a parfois été transféré au monde arabe, expliquait-il en mandarin, selon une transcription transmise par le studio de l’artiste. Financièrement, culturellement et en termes d’influence médiatique, la communauté juive a toujours été très présente aux États-Unis. L’aide annuelle de 3 milliards de dollars accordée à Israël est considérée depuis des décennies comme l’un des investissements les plus précieux jamais réalisés par les États-Unis.» Le message a depuis été supprimé.
Mardi, l’artiste a confirmé au Art Newspaper que l’exposition avait bien été suspendue, sine die, «à cause de son tweet». La journaliste a également interrogé les représentants de la Lisson Gallery, qui a confirmé qu’après de «longues conversations» avec Ai Weiwei, les deux parties étaient convenues que «ce n’était pas le bon moment pour présenter son nouvel ensemble de travaux». Ils affirment qu’«il n’y a pas de place pour un débat qui peut être qualifié d’antisémite ou d’islamophobe à une époque où tous les efforts devraient viser à mettre fin aux souffrances tragiques dans les territoires israéliens et palestiniens».
Une décision qu’Ai Weiwei accepte, mais ne digère pas, puisqu’il multiplie les tacles contre la galerie sur ses réseaux sociaux depuis mercredi. L’artiste de 66 ans, fils d’un poète engagé, s’est toujours battu pour la liberté d’expression. Il a souvent critiqué le régime de son pays, la Chine, qu’il a délibérément fui pour s’installer au Portugal. En 2011, il avait été arrêté et mis au secret pendant quatre-vingts jours par le gouvernement chinois.
Le studio d’Ai Weiwei a également informé The Art Newspaper que trois autres expositions de l’artiste, à New York, Paris et Berlin ont été suspendues.