Qui était Sissi ? Une impératrice autrichienne assassinée ; une princesse charmante ; un improbable homonyme de l’actuel président égyptien. La tragique âme sœur de Romy Schneider, peut-être aussi ? L’image qu’il reste aujourd’hui de la souveraine est celle d’une femme de grande beauté, sertie dans des robes d’or pailletées de diamants et des mousselines à perles nacrées. Mais, selon l’office de tourisme de Vienne, ceci n’était pas Sissi. Une initiative a ainsi fleuri à l’occasion de la journée internationale des Droits des femmes, le 8 mars : remettre d’équerre les préjugés réducteurs qui entourent cette personnalité historique… en la faisant disparaître de quelques tableaux exposés à Vienne.
Pour leur démonstration, l’Office de tourisme de Vienne et le musée Sissi ont jeté leur dévolu sur le portrait de l’impératrice peint en 1865 par Franz Xaver Winterhalter. L’impératrice, Élisabeth de son vrai nom, y apparaît de côté, les épaules nues, parée d’une robe fastueuse et lactescente, tout en satin, tulle, pierreries et crinoline. Le 7 mars, l’original de ce tableau conservé au musée Sissi, dans une aile du palais impérial du Hofburg, à Vienne, a été masqué par un panneau orné d’un libre poème, un «portrait minimaliste» en mots, intitulé Sisi’s New Portrait (« Le nouveau portrait de Sissi»).
Le portrait en question «déconstruit la mémoire de l’impératrice Élisabeth d’Autriche pour s’attacher aux faits plutôt qu’à son apparence», indique sur ses réseaux sociaux l’agence allemande Jung von Matt, qui a mis au point cette installation. On y lit, en anglais, des références à son goût pour l’apprentissage, pour l’autonomie des peuples et pour ce qu’elle apporte encore aujourd’hui aux réfugiés. Sissi avait en effet souhaité que les royalties de son journal soient utilisées pour leur venir en aide.
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«Pour la jeune Sissi, la notion de beauté n’existait même pas, a déclaré mardi dans un communiqué le conservateur du musée Sissi, Michael Wohlfart. Son apparence a été instrumentalisée». «Sissi était en avance sur son temps à bien des égards. C’était une femme très intelligente sur le plan stratégique – et même si sa voix ne comptait pas officiellement, elle savait exactement quel effet ses gestes avaient sur le public», a ajouté Elfriede Iby, à la tête du département scientifique du groupe Schönbrunn, qui administre les anciens domaines impériaux pour le compte de l’État autrichien.
Les deux copies du tableau de Franz Xaver Winterhalter conservées au musée des meubles impériaux et à l’Hotel Imperial ont également été masquées par ce «nouveau portrait». Ces trois installations seront présentées en lieu et place des œuvres jusqu’au 31 mars.
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