«Qui sera au poste de direction des établissements culturels dans 10 ou 20 ans ?» Rima Abdul Malak a posé la question au cours d’une conférence de presse lundi pour mieux esquisser un début de réponse. Depuis son arrivée, la ministre de la Culture estime avoir déjà «fait le maximum» pour renouveler le «vivier de talents», notamment pour les scènes nationales. Mais pour les autres établissements qui n’ont pas le label «national», principalement dans le spectacle vivant, «le chemin est encore long» vers la diversité. «La diversité ne concerne pas uniquement la couleur de peau, mais aussi l’origine sociale ou géographique. Où sont les personnes originaires des campagnes à des postes de direction?», lance la ministre.
Pour favoriser l’émergence de nouveaux profils, le ministère de la Culture parie sur un programme baptisé «La Relève», en partenariat avec Science Po et l’association Les Déterminés. Il s’adresse à des professionnels de 25 à 40 ans, ayant en commun la passion de la culture, mais dont la formation ou le métier est différent. Il comprend une formation continue de 18 mois minimum – plus longue si le profil le nécessite – avec 300 heures de cours : 150 en présentiel à Sciences Po Paris et 150 à distance. 101 formations sont proposées, une par département, et un million d’euros sont débloqués pour la prise en charge «de ceux qui viennent de loin».
L’association Les Déterminés est spécialisée dans l’accompagnement à l’entrepreneuriat. Elle assurera la sélection et le suivi des candidats durant le programme. «Nous disposons d’un large réseau, nous sommes présents dans 22 villes de France», explique Moussa Camara, son président fondateur.
Le programme n’est pas ouvert aux candidatures. «L’objectif est de chercher de nouveaux potentiels. Au départ, nous visons 10 à 20 personnes par département. Ensuite, nous en sélectionnons 2 ou 3 pour les entretiens. À la fin nous n’en prenons qu’un ; nous voulons être sûrs de choisir quelqu’un qui ira au bout du programme», détaille Moussa Camara, président des Déterminés, spécialisée dans l’accompagnement à l’entrepreneuriat. L’association, forte de son réseau dans 22 villes, assurera la sélection et le suivi des candidats durant le programme.
Le recrutement des candidats débute tout juste et certains profils ont déjà «tapé dans l’œil» des recruteurs. «L’objectif est d’avoir tous les candidats en février et de démarrer la formation à l’automne», espère Rima Abdul Malak. En parallèle de ces recrutements, le ministère et Sciences Po sont à la recherche de mentors, qui assureront un suivi minutieux des élèves. Lundi après-midi, plusieurs étaient présents : Francesca Polonatio (directrice de la scène nationale Le ZEF, à Marseille), Rémi Sabau (directeur de Nouveau Relax à Chaumont) et Sarah Koné (fondatrice de la Maîtrise populaire de l’Opéra-Comique et directrice déléguée de la Philharmonie de Paris).
Les mentors joueront un rôle pour l’insertion professionnelle des élèves. «L’idée n’est pas qu’ils passent à la direction dès la fin de la formation, précise la ministre. Mais qu’ils passent avant par des postes intermédiaires.»