«Quand Kate est morte, je suis restée à la maison pendant un an sans bouger. Sans bouger du tout…». Jane Birkin aura été dévastée par la disparition tragique de sa fille aînée, le 11 décembre 2013. Dix ans après sa mort, un livre et plusieurs expositions vont mettre en lumière Kate Barry, une photographe discrète à l’art sensible qui vivait dans l’ombre des stars et bien sûr de sa mère, sa première inspiratrice. «Nous voulions faire découvrir l’œuvre parfois méconnue de Kate Barry pour le dixième anniversaire de sa disparition», à l’âge de 46 ans, explique Isabelle Dartois, responsable des Éditions de La Martinière qui publient Kate Barry My Own Space (Mon propre espace, littéralement en français).

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Premier véritable recueil de l’artiste, fille de Jane Birkin et du compositeur britannique John Barry, ce livre a donné son nom à la «première rétrospective» de la photographe, tenue au musée Nicéphore Nièpce, à Chalon-sur-Saône, selon Sylvain Besson, auteur de l’ouvrage et commissaire au musée Nièpce. C’est à cet espace, qui porte le nom de l’inventeur de la photographie, qu’en 2021, la famille de Kate Barry a légué l’intégralité de ses négatifs, sa production numérique, ses planches-contacts…

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Cette rétrospective se clôt dès le 17 septembre mais sera présentée dans deux lieux parisiens, dont le tout nouveau Quai de la photographie à partir du 15 décembre. Une seconde exposition parisienne aura lieu «plus tard en 2024» dans un endroit encore secret, a indiqué à Sylvain Besson. En Bourgogne, une exposition intitulée Kate Barry, portraits se tiendra, elle, du 29 septembre au 15 mars 2024, à la maison Veuve Ambal, mécène du musée Nièpce, près de Beaune en Côte-d’Or. Cette succession d’événements vise à réparer l’oubli relatif dans lequel est restée Kate Barry, photographe qui a toujours fui la lumière. «Elle était timide», rappelle Sylvain Besson. «Elle ne voulait pas être sur le devant de la scène», à la différence de son environnement familial où l’image était omniprésente, sa mère et son beau-père Serge Gainsbourg étant sans cesse sous les flashes. Des immenses stars auxquelles elle avait accès grâce à sa famille, elle a produit des clichés tendres, très intimes mais jamais indiscrets même quand ils sont teintés d’érotisme, d’Helena Bonham Carter à Sophie Marceau, en passant par Monica Bellucci ou Catherine Deneuve. Mais ces expositions et ce livre veulent aller au-delà des portraits pour «montrer la diversité de son œuvre», explique Sylvain Besson en référence aux photos de paysages très saisissantes. Un ciel dépouillé ou un arbre défeuillé montrent, comme dans les portraits, «une écriture qui irait à l’essentiel», écrit Lola Lafon, écrivain et chanteuse, dans la préface du livre. Pour elle, «les photographies de Kate Barry vont à l’os».