Un prix en forme d’apothéose pour Hayao Miyazaki, le patriarche de l’animation japonaise. Le Garçon et le Héron , son dernier film, a décroché dimanche l’Oscar du meilleur film d’animation, comme son Voyage de Chihiro en 2003. Dix années se sont écoulées entre la sortie de ce dernier film et son précédent opus, Le Vent se lève. Cultivant la discrétion, Miyazaki était absent de la cérémonie des Oscars à Hollywood et n’est pas non plus apparu à une conférence de presse de Ghibli lundi à Tokyo, laissant Toshio Suzuki, un autre responsable du studio, s’exprimer à sa place.

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Hayao Miyazaki a accueilli sa nouvelle victoire aux Oscars avec retenue, pour dissimuler sa joie: il était «normal» et a simplement déclaré que c’était «bien» d’avoir gagné, explique Toshio Suzuki, qui l’a eu au téléphone. «Je ne pense pas que ce sera facile [pour lui] de faire un nouveau long-métrage, poursuit-il. Mais Miyazaki a fait des courts-métrages d’animation par le passé, donc j’aimerais qu’il aille de nouveau dans cette voie à présent.»

«Il dit que sa vue est devenue mauvaise et que ses bras ne fonctionnent plus. Mais si vous me demandiez ce que je pense, je vous dirais qu’il exagère !, plaisante le responsable du studio. Pour moi, il a l’air plein d’énergie.»

Avec Le Garçon et le Héron , Hayao Miyazaki, artisan perfectionniste qui a contribué à donner ses lettres de noblesse à l’animation, prouve qu’il a gardé tout son talent et ses techniques 2D à l’ancienne, à l’heure du triomphe des images de synthèse. Le film est empreint d’onirisme et de magie, comme souvent chez Miyazaki, et contient des éléments autobiographiques comme dans Le Vent se lève, en se déroulant à l’époque traumatisante de son enfance, la Seconde Guerre mondiale.

Après la mort de sa mère dans un incendie à Tokyo, le jeune Mahito déménage à la campagne avec son père et sa belle-mère, qui n’est autre que la tante de l’enfant. Dans ce nouvel environnement compliqué pour lui, il rencontre un héron cendré qui va l’inciter à plonger dans un monde parallèle, peuplé d’un bestiaire fantastique et effrayant, dans lequel le garçon va découvrir des secrets de son histoire familiale et faire des choix cruciaux.

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«Cet univers provient pour l’essentiel de mes souvenirs», avait confié l’an dernier Miyazaki, expliquant que lui aussi avait vécu enfant dans une grande maison de campagne pour fuir les bombardements pendant la guerre. «La vérité sur la vie n’est pas quelque chose de lumineux, ou de juste. Cela contient tout, y compris une part de grotesque, a-t-il aussi déclaré. Il était temps de créer une œuvre en extrayant des choses tapies au plus profond de moi-même.»

Dans Le Garçon et le Héron, un vieux gardien de l’équilibre du monde magique, qui s’effondre, cherche un successeur. Dans un documentaire de la chaîne publique japonaise NHK diffusé en décembre, Miyazaki a expliqué s’être inspiré pour ce personnage d’Isao Takahata, cofondateur avec lui du studio Ghibli et mort en 2018. Les deux hommes avaient une relation «d’amour-haine», a confié Miyazaki. Peut-être faut-il aussi y voir une métaphore de l’épineuse question de l’avenir artistique de Ghibli, alors que son fils aîné Goro Miyazaki a renoncé à en prendre la tête. Les studios sont devenus, en fin d’année dernière, une filiale de la chaîne de télévision japonaise Nippon TV, laquelle s’est engagée à «protéger le savoir-faire et la valeur de la marque» et à respecter son autonomie.