Un record pas très glorieux pour un superhéros. The Marvels de Nia DaCosta est devenu le plus gros échec commercial de l’univers Marvel qui n’avait pas connu un tel revers depuis 2008. Les nouvelles aventures de Carole Danvers, alias Capitaine Marvel, n’auront rapporté en trois semaines d’exploitations que 80 millions de dollars au box-office américain. C’est la première fois qu’un membre des Avengers ne passe pas la barre des 100 millions de dollars de recettes. La baisse de fréquentation d’une semaine à l’autre est si forte que Disney ne communiquera plus sur les entrées du mois de décembre.

Campée par l’actrice oscarisée Brie Larson, Carol Danvers est apparue sur les écrans en 2019. Elle était la première superhéroïne du MCU à porter en son nom propre un film. Les spectateurs avaient été au rendez-vous de Captain Marvel : le film avait amassé 426 millions de dollars sur le territoire nord-américain et 700 millions à l’international.

Quatre ans plus tard, les chiffres de The Marvels, qui voit Carol Danvers s’allier à deux autres jeunes femmes Monica Rambeau et la lycéenne Kamala Khan, n’ont plus rien de merveileux. Et ils ne sont pas meilleurs à l’international : à peine 116 millions. La critique avait été mitigée, saluant un certain humour mais déplorant un scénario et un montage à la hache, malgré un budget de 220 millions de dollars. La promotion de The Marvels a été minimale. Le film est sorti juste à la fin de la grève des acteurs. Brie Larson n’a pu faire que quelques apparitions sur les plateaux des talk-shows, une fois le long-métrage sorti.

Cette désaffection du public pour le MCU est symptomatique de la panne qui touche l’ensemble de la franchise de Disney. Le prédécesseur de The Marvels, Ant-Man and the Wasp: Quantumania n’avait pas fait le plein non plus, avec juste 214 millions de recettes aux Etats-Unis. La presse et les fans s’étaient montrés sévères sur la qualité exécrable des effets spéciaux.

Le seul succès du MCU en 2023 a été le troisième volet des Gardiens de la galaxie qui a amassé plus de 845 millions de recettes. Le fait que ces péripéties aient été mises en scène par James Gunn, que Disney a viré avant de réembaucher, a été vu comme une ironie du destin. James Gunn préside désormais au destin de l’adversaire de Marvel, DC. La maison de Batman et Superman est, elle-aussi, complètement dévitalisée.

Pour les connaisseurs d’Hollywood, la contre-performance des derniers Marvel est à chercher dans la dilution de la marque. En lançant tous azimuts, des séries pour sa plateforme Disney et des films, Disney a saturé l’esprit des fans et rendu incompréhensible une intrigue générale qui traverse toutes les productions et qui repose sur des mondes et des réalités parallèles. Le processus de fabrication est aussi remis en cause. Sur ces projets, le grand patron est Kevin Feige. Le président des studios Marvel laisse peu de marge de manœuvre aux réalisateurs, scénaristes et showrunners pour assurer une continuité narrative.

Patron de Disney, Bob Iger estime, de son côté, que le blâme est à chercher du côté du Covid, qui a empêché une bonne supervision du tournage de The Marvels. À l’entendre, les performances stratosphériques des précédents films, tel Avengers – Endgame, qui ont passé le milliard de recettes, ont aussi créé des attentes impossibles en plaçant la barre toujours plus haut. «Ce qui est considéré comme un échec chez Disney serait un succès pour un autre studio», confiait Bob Iger. Reste que le MCU n’est pas le seul département de Disney à sous-performer. Son dernier film d’animation Wish est aussi à la peine. Tout comme l’a été le cinquième volet de la saga Indiana Jones, le cadran de la destinée.

En 2024, la firme aux grandes oreilles va devoir retrouver sa magie et son lustre. Prudente, elle ne sort finalement qu’un seul film de superhéros Deadpool 3. Suite à la grève, Captain America – A Brave New World, Thunderbolts et Blade ont été reportés à 2025.