Le testament de Pierre Cardin présenté par son neveu, qui se considère comme l’héritier de toute sa fortune, a été invalidé par la justice, un revers pour Rodrico Basilicati-Cardin alors que d’autres contentieux sont en cours. La Cour d’appel de Paris a rendu le 25 janvier un arrêt que l’AFP a pu consulter ce vendredi 9 février, qui ne reconnaît pas ce qui a été présenté comme un testament de Pierre Cardin, décédé en décembre 2020 à 98 ans.
Le couturier mondialement connu pour ses robes bulles et son histoire d’amour avec la comédienne Jeanne Moreau n’a pas eu d’enfant. Sa succession, très conflictuelle, compte vingt-deux héritiers, neveux, nièces, petits-neveux et petites-nièces. Le petit-neveu du couturier, Rodrigo Basilicati-Cardin, devenu directeur général du groupe en 2018 puis son président en novembre 2020, se prévalait d’un testament olographe de Pierre Cardin trouvé le 13 juillet 2022 au domicile du défunt, daté du 10 novembre 2016. Selon la Cour, dans ce document de onze lignes les initiales «PC» figurent en dixième ligne et ne peuvent pas être considérées comme «apposées à la suite de l’écrit», ce qui rendrait le testament valide. «Il ne peut donc être conclu à l’existence d’une signature sur l’écrit litigieux (…) ce qui fait obstacle à l’envoi en possession», selon l’arrêt.
Depuis sa mort, sa famille se déchire autour de la succession de Pierre Cardin, qui a laissé un riche patrimoine: une holding et des filiales, des licences, des marques et des biens immobiliers, notamment à Paris et dans le Vaucluse. L’actif du groupe est estimé entre 750 et 800 millions d’euros, selon les propositions de rachat, avait indiqué à l’AFP en août dernier Me Jean-Louis Rivière, avocat des petites-nièces du créateur. Ces petites-nièces, qui ont rallié à leur position la plupart de la famille Cardin, souhaitent que le groupe Cardin soit vendu et dénoncent «une tentative de spoliation d’héritage».
De son côté, Rodrigo Basilicati-Cardin, qui dit avoir travaillé près de vingt-cinq ans auprès de son grand-oncle, souhaite «respecter les volontés de Pierre Cardin, préserver son empire et défendre son image». Sous son impulsion, la maison Pierre Cardin a fait son retour en mars dernier au calendrier officiel du prêt-à-porter féminin à Paris après un quart de siècle d’absence. En décembre, il a réouvert en grande pompe la boutique historique de la marque, face à l’Élysée.