Isabelle Adjani, l’actrice aux cinq César, doit être jugée jeudi à Paris pour fraude fiscale et blanchiment, soupçonnée d’avoir dissimulé une donation en prêt et de s’être fictivement domiciliée au Portugal, ce qu’elle conteste vigoureusement.

Sa défense va demander le renvoi du procès, l’artiste n’ayant «pas pu prendre l’avion» depuis les États-Unis à cause d’une «maladie aiguë qui a été certifiée par un médecin new-yorkais», ont indiqué à l’AFP ses conseils, Stéphane Babonneau et Olivier Pardo.

Connue en particulier pour ses rôles dans L’été meurtrier (1983), Camille Claudel (1988), La Reine Margot (1994) ou plus récemment Mascarade (2022), l’actrice et chanteuse de 68 ans était visée par une enquête depuis 2016 à la suite des Panama Papers.

Dans les révélations du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), elle était citée comme détentrice d’une société aux îles Vierges britanniques, Deckert Investments Limited, fondée avec l’appui du cabinet Mossack Fonseca et immatriculée en juillet 2014. Les investigations n’ont pas montré d’infraction liée à cette société offshore, mais mis au jour d’autres soupçons qui ont mené à une citation du Parquet national financier devant le tribunal.

En cause d’abord, deux millions d’euros transférés par Mamadou Diagna NDiaye, un influent homme d’affaires sénégalais, président du Comité national olympique et sportif sénégalais et membre du Comité international olympique.

L’actrice est soupçonnée d’avoir fait passer ce qui était une donation pour un prêt, ce qui lui aurait permis d’éluder 1,2 million d’euros de droits de mutation. «Tous les éléments du dossier et de l’enquête permettent de démontrer, sans aucune ambiguïté ni doute possible, que notre cliente a bénéficié en 2013 d’un prêt de la part d’un ami proche», ont assuré Mes Babonneau et Pardo. «Ce prêt a fait l’objet d’un contrat dûment enregistré auprès de l’administration fiscale française dès sa signature en 2013, comme la loi l’exige. Le prêt est aujourd’hui à un stade avancé de remboursement», ont-ils ajouté.

Il est en outre reproché à Isabelle Adjani de s’être fictivement domiciliée au Portugal, éludant en cela 236.000 euros d’impôt sur le revenu. «S’il a existé une divergence d’appréciation avec l’administration fiscale sur la localisation de sa résidence fiscale en 2016 et 2017», l’actrice «n’a aujourd’hui aucune dette fiscale, que ce soit en France ou au Portugal et a réglé tout ce qu’elle devait», selon sa défense.

Isabelle Adjani sera également jugée pour blanchiment entre les États-Unis et le Portugal en 2014. Elle est soupçonnée d’avoir fait «transiter par un compte bancaire américain non déclaré à l’administration fiscale la somme de 119.000 euros provenant d’une société offshore au bénéficiaire effectif inconnu et destinée à un investissement au Portugal», avait indiqué en juillet une source judiciaire à l’AFP. Pour ses conseils, «aucune opération de blanchiment ne peut être reprochée» à leur cliente qui «apportera au tribunal toutes les explications nécessaires sur ce point».

Actrice-phare des années 1980-1990, Isabelle Adjani s’est faite plus rare sur grand écran, mais crée l’événement à chacune de ses prestations au cinéma, au théâtre ou à la télévision, comme dans la série Capitaine Marleau. L’interprète de Pull marine, écrit par Serge Gainsbourg il y a 40 ans, prépare un deuxième album pour la fin de l’année. En novembre, elle sera à l’affiche du film Voleuses de Mélanie Laurent.

Dans une autre procédure, Isabelle Adjani avait été mise en examen en octobre 2020 pour escroquerie après la plainte d’un ex-consultant l’accusant de lui avoir envoyé de fausses preuves de remboursement des 157.000 euros qu’elle lui devait. L’information judiciaire se poursuit.