Dans une interview accordée à Télérama , Gad Elmaleh fait le point sur sa carrière, trente ans après ses premières scènes. L’humoriste revient sur son nouveau spectacle, ses origines marocaines, son manque de confiance en lui et les accusations de plagiat qui l’ont visé. Il évoque aussi des sujets plus lourds, abordant la guerre en Israël et son lien avec ces visages emblématiques du cinéma français accusés de viol. Depardieu, Polanski et Caubère, actuellement poursuivis pour viol.

Actuellement, l’humoriste de 52 ans est à l’affiche d’un nouveau spectacle, sobrement intitulé Lui-même. Un show créé pour divertir son public, mais aussi et surtout, pour faire «un état des lieux» de sa vie. Pour voir «où j’en suis dans ma quête de sens, dans mon combat contre l’ego», explique Gad Elmaleh dans les colonnes de Télérama. C’est cet «ego» qui l’a poussé à monter sur scène. «J’avais alors besoin d’être connu et reconnu, de signer des autographes. D’être différent, admet-il. Cette volonté de lumière guidait jusqu’à mes histoires d’amour.» Il en est revenu. «Professionnellement, désormais, j’ai juste besoin que la vanne claque, d’arriver au prochain show», affirme Gad Elmaleh.

À lire aussiRoman Frayssinet, petit prince du stand-up

Mais ce désir de reconnaissance et de succès lui a causé du tort. En 2019, il est accusé d’avoir plagié des humoristes américains. Il a d’abord démenti, avant d’avouer. «C’est idiot, mais au moment du plagiat, Instagram et YouTube n’existaient pas. J’aurais dû assumer qu’il m’était arrivé de prendre des vannes à des Américains, reconnaît-il. Enfermé dans mon orgueil, je suis rentré dans le jeu, je me suis justifié. Je n’en dormais plus la nuit. Ce n’est pas l’accusation qui me faisait mal, mais la peur qu’on ne m’aime plus.»

Ce n’est pas arrivé. L’humoriste a remonté la pente, proposant de nouveaux spectacles. Aujourd’hui, il revient avec Lui-même. Demain, il réalisera peut-être autre chose. Mais rien est moins sûr. «Quand j’ai arrêté l’alcool, j’ai suivi un programme qui s’appelait “Juste pour aujourd’hui”, d’après un livre des Alcooliques anonymes qui disait : “Si on vous demande si vous avez arrêté l’alcool, répondez juste pour aujourd’hui. Au final, ça fera toute une vie”, explique Gad Elmaleh. Sincèrement, je ne sais pas si je ferai un autre spectacle. Ou alors, je jouerai celui-là jusqu’à la fin de ma vie, en le changeant tous les jours.»

Questionné par Yasmine Youssi, rédactrice en chef culture de Télérama, l’humoriste s’est aussi exprimé sur des sujets plus polémiques et plus lourds, qui le touchent. La guerre en Israël, il la vit «mal». «Mais je ne me sens pas tiraillé. Les gens me disent que ça doit être difficile pour moi, du fait de mon histoire. Je leur réponds que c’est difficile pour les otages et pour le peuple palestinien. Pour le peuple israélien, aussi, qui a peur pour sa sécurité, explique-t-il. En France, le retentissement est important, parce que les deux communautés sont fortement représentées, et que cette guerre charrie des questions qui vont de la Shoah à la colonisation. Je condamne haut et fort, avec colère, les attaques du 7 octobre .»

Gad Elmaleh s’est aussi confié sur ses relations avec Depardieu, Polanski et Caubère, trois visages emblématiques du cinéma français accusés de viol. «Ces hommes étaient pour moi des modèles que j’ai idéalisés. Je suis très touché, à l’écoute de ce que disent ces femmes, parce qu’il faut un sacré courage pour prendre la parole, explique-t-il. Ceux qui ont commis des abus et des crimes doivent et vont répondre de leurs actes.» Malgré tout, l’humoriste prend ses distances, ne voulant pas ajouter des mots sur ce «sujet délicat». «Ne comptez pas sur moi pour enfoncer qui que ce soit plus bas qu’il ne l’est déjà, tranche-t-il. Ce n’est pas parce qu’on lynche quelqu’un que la justice sera mieux rendue.»