Près de six ans après la disparition du chanteur, survenue le 5 décembre 2017, deux chansons inédites sont dévoilées par les maisons de disques Warner et Universal.

Warner Music France a produit les enregistrements du rocker de 2007 à sa mort, soit sept albums studio, dont un posthume, Mon pays c’est l’amour, sorti en 2018. Directeur général du label Parlophone depuis 2021, Antoine Gouiffes-Yan y avait exercé la fonction de directeur marketing jusqu’en 2017. Il a donc, à ce titre, collaboré avec Johnny sur plusieurs albums. «Après mon départ, je suis resté proche de Laeticia, explique-t-il. J’en étais resté au lancement de la production d’un nouvel album en 2017». Au printemps dernier, l’homme se souvient d’un titre inédit enfermé dans un coffre dont la clef aurait été perdue. Il contacte Maxim Nucci (alias Yodelice), compositeur des derniers titres de Johnny, qui lui avoue avoir écouté ce morceau quinze jours auparavant. Un cri, c’est son titre, avait été maquetté au moment où Johnny, se sachant malade, avait demandé à chanter de nouveaux titres.

Sur un texte de Xavier Jacob, musicien ami de Nucci, ce dernier avait composé un blues simple et dépouillé. «Johnny n’enregistrait jamais de maquettes,mais les circonstances particulières de cette période ont fait qu’il en avait préparé quelques unes en février 2017 dans un petit studio américain», explique Bertrand Lamblot, directeur artistique de Johnny. Bien vite, la préparation de l’album Mon pays c’est l’amour avance. Hallyday entend revenir à un son plus épique après le dépouillé De l’amour de 2016. Un cri, trop primitif, est écarté. «Il ne rentrait pas dans les cases, et on a fini par l’oublier» avoue Lamblot.

Retravaillé par Maxim Nucci, qui a refait l’accompagnement et enrichi l’harmonie, Un cri, diffusé jeudi 16 novembre à 13h40 sur les plateformes de streaming, sortira sur la compilation Made in Rock’n’roll, assemblage des titres les plus rock de la période Warner. Avec son ambiance boogie/blues et ses guitares chromées, Un cri est conforme à la partie la plus brute et dépouillée de la musique de Johnny Hallyday. «Johnny fait partie des artistes qui font l’histoire de Warner Music France, nous sommes très heureux de partager ce titre inédit avec son public car nous savons à quel point la relation avec ses fans était exceptionnelle», explique Alain Veille, président de Warner Music France.

Parallèlement, Universal Music, qui a produit les enregistrements de Hallyday entre 1961 et 2005, a choisi de commercialiser, dans quinze jours, un nouveau produit, Symphonique. Soit les deux albums orchestrés parYvan Cassar en 2019 et 2021 ainsi que de nouveaux titres. Parmi ceux-ci, un morceau complètement inédit, Grave-moi le cœur, adaptation française du Love Me Tender d’Elvis, enregistrée en 1996. Dans le cadre de la préparation du concert donné à Las Vegas en novembre de cette année-là, Johnny avait travaillé sur plusieurs adaptations de standards du rock’n’roll avec Jean Fauque, parolier d’Alain Bashung. «Après un premier rendez-vous au printemps, ils ont passé une semaine ensemble chez Johnny, qui vivait alors à la Lorada, pour travailler», explique Xavier Perrot d’Universal Music. «Jean a écrit des textes en français en essayant d’être le plus proche possible phonétiquement des originaux.»

Parmi ces titres, Love Me Tender fait l’objet d’une attention particulière. Perle du répertoire d’Elvis, elle a été découverte par le rocker français en 1956 dans le film Le cavalier du crépuscule. «Plus tard, pendant les répétitions aux studios Long Courrier, à Aubervilliers, la chanson est enregistrée. Mais le soir du concert, Johnny la chante en anglais, laissant cette version francophone de côté.» Inédit pendant 27 ans, cet enregistrement sort enfin, après un travail de réorchestration effectué par Yvan Cassar arrangeur fidèle de Hallyday. «Je ne connaissais pas l’existence de cet enregistrement, explique Perrot. Nous l’avons découvert en partant à la recherche de prises de voix live pour permettre à Yvan d’ajouter ses arrangements symphoniques à des classiques du répertoire.» En mettant l’accent sur le piano plutôt que sur la guitare, en ajoutant des accords mineurs, Cassar lui confère un statut nouveau. Et les fans se réjouissent de retrouver leur idole dans deux chansons jamais entendues !