«Je reviendrai en 2026 pour la tournée de mes 65 ans»: Florent Pagny, remis d’un cancer, part se «ressourcer» en Patagonie, avec l’ambition d’un nouveau disque pour ce futur tour de chant. «Là, je vais me retirer médiatiquement, on en a bien mangé du Pagny en 2023, entre activités et maladie, donc je vais essayer de repartir dans la création», confie l’artiste rencontré par l’AFP à Paris. Tous les signaux médicaux sont au vert concernant son cancer du poumon, révélé sur ses réseaux en janvier 2022. À 62 ans, le chanteur ne crie toutefois pas victoire. «Quand tu te l’es pris trois fois, j’ai fait deux rechutes, tu te dis que tu gagnes des batailles, mais pour savoir si tu gagnes la guerre, ça prend du temps».
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Le jour de l’interview, il est en pleine forme et n’a plus sa «tête de tortue» comme il le dit avec humour, arborant barbichette de biker et cheveux en brosse, disparus auparavant le temps de certains traitements. Avant de repartir en Patagonie, – sa femme est argentine et il est tombé sous le charme de ce coin d’Amérique du Sud il y a 30 ans -, il «range» sa «chambre». C’est-à-dire que l’artiste referme l’année avec une réédition collector de son autobiographie Pagny par Florent (Fayard, écoulé à près de 170.000 exemplaires, gros succès d’édition) et un coffret prévu vendredi, regroupant ses albums de duos, 2 bis, sorti en septembre, et 2 sorti en 2001.
Il espère conjuguer l’après avec «du renouveau, un album avec des créations». Et d’annoncer: «Je reviendrai en 2026 pour la tournée de mes 65 ans, avec certainement un nouvel album en phase avec ce que j’aurais vécu ces cinq dernières années». Ça fait longtemps que Pagny n’écrit plus lui-même ses textes, s’en remet à d’autres et choisit des chansons qui «correspondent» aux «moments» de sa vie. Sa maladie devrait logiquement se refléter dans certains titres à venir. Un des futurs morceaux sous la plume de Carla Bruni pourrait ainsi s’intituler Lettre à ma mort, trouvaille dont Pagny aime «l’ironie». Depuis que l’interprète de «Savoir aimer» a dévoilé son cancer, il ne s’est jamais montré larmoyant. Durant l’interview, des punchlines jailliront d’ailleurs, comme «à un moment j’étais un peu conseiller fiscaliste, là c’est un peu oncologue». Le tube «Ma liberté de penser», en 2003, s’adresse à un huissier – à l’allure de croque-mort dans le clip — et est directement inspiré de ses démêlés avec le fisc à l’époque. Revenant sur «la maladie», il glisse: «ce n’est pas parce que c’est arrivé que tout s’écroule, il faut juste s’en occuper car ça prend le dessus, moi je trouve que c’est plus facile d’en parler, d’assumer et de ne pas dramatiser non plus».
«Je me cache, je suis malade, je ne veux le dire à personne: ça double le poids. Or, il y a tellement de monde directement ou indirectement concerné, le dire ça soulage». Les retours ont d’ailleurs été positifs sur ses réseaux. «Des médecins m’ont dit “c’est super d’en avoir parlé, des gens s’allègent avec ça”». Lui avait choisi Instagram car il avait «32 dates, 110.000 personnes à prévenir d’un coup», repensant à cette tournée alors annulée. Au fil de la discussion, on comprend qu’il n’aurait laissé le soin à personne d’autre de l’annoncer. On saisit aussi comment son autobiographie, accouchée avec l’aide de l’écrivaine Emmanuelle Cosso, est née à l’abord de sa soixantaine. Pagny avait repoussé une première proposition à 40 ans, «pas encore arrivé à l’âge pour regarder dans le rétro». «Sauf que d’autres ont écrit des bouquins sur moi, sans me parler, et quand je prenais une page, je me disais mais je n’ai pas vécu ça, les mecs fument la même chose que moi (rires)».