Rachida Dati a estimé mardi que «le wokisme est devenu une politique de censure», et elle veillera en tant que ministre de la Culture à ne pas «soutenir» ces tenants de la «déconstruction». «Je suis pour la liberté de l’art et de la création, je ne suis pas pour la censure», a-t-elle déclaré à CNews-Europe 1. Cependant, «je suis très sensible, et c’est un combat, à la lutte contre les discriminations» que mène ce mouvement, mais «je trouve que le wokisme est devenu une politique de censure», a ajouté la ministre issue de LR.
Les termes «woke» et «wokisme» sont empruntés aux luttes afro-américaines, dont la signification en anglais est «être éveillé» aux injustices sociales. Ils ont été récupérés par des mouvements conservateurs, avec une connotation péjorative cette fois, pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un excès de militantisme à l’égard des revendications de minorités et des injustices sociales et climatiques.
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Rachida Dati, qui a déjà réuni les directeurs généraux du ministère, va réunir «la semaine prochaine les directeurs régionaux de l’action culturelle». «Et je leur demanderai de veiller à ce qu’on soutienne la liberté de création, et de ne pas soutenir ces nouveaux censeurs», a-t-elle affirmé. Et de marteler: «lutter contre les discriminations, les déterminismes sociaux, c’est un combat. La culture, ce n’est pas la déconstruction, ce n’est pas l’effacement. Je ne serai pas quelqu’un aux côtés des censeurs».
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En France, le terme «woke» est devenu un incontournable du débat des idées. Mais pour ses détracteurs, ses soutiens ne sont pas seulement des militants de la cause antiraciste et sociale, mais seraient les instigateurs d’un projet de société, fondé sur la culture dite de l’annulation («cancel culture»). Cette rhétorique d’abord présente à l’extrême droite de l’échiquier politique s’est progressivement répandue à droite, au centre et dans certains cercles de gauche.
Par ailleurs, Rachida Dati a répété ses propos sur l’audiovisuel public tenus dans le Journal du Dimanche, autre média dans le giron de la famille Bolloré. «Je suis très attachée à ce service public. Il a le soutien des Français. Mais s’il veut le garder, il faudra à un moment donné que le service public soit le reflet de la diversité des opinions des Français», a-t-elle prévenu. «J’en appelle à la déontologie de chacun», a complété la ministre, en précisant qu’elle devait «rencontrer les dirigeants (de l’audiovisuel public, NDLR) très prochainement».