Ridley Scott est de retour dans les salles obscures avec un 28e long métrage. Après Christophe Colomb (1492, 1992), l’empereur Commode (Gladiator, 2000) ou encore Moïse (Exodus : Gods and Kings, 2014), le réalisateur de 85 ans s’attaque à une nouvelle figure historique avec Napoléon. Malgré un casting séduisant, avec Joaquin Phoenix dans le costume de l’empereur, Vanessa Kirby dans le rôle de Joséphine de Beauharnais et la présence de quelques acteurs français comme Tahar Rahim ou encore Ludivine Sagnier, ce biopic aux airs de drame romantique est loin d’avoir convaincu la critique en France.
Pour Le Figaro c’est la «morne plaine». Ce nouveau long métrage du cinéaste britannique «aurait pu s’intituler Napoléon et Joséphine», écrit Étienne Sorin, tant le personnage incarné par Vanessa Kirby est central dans le film. Napoléon n’est rien d’autre qu’un «empereur monolithique et rustre», «une brute sentimentale» et pire encore, «un conquérant insatiable et sans vision», à l’image d’un Ridley Scott «dont la fresque sur l’un des personnages les plus controversés de l’histoire de France laisse étrangement indifférent». Et même si les scènes de batailles sont «spectaculaires», la politique, elle, «est expédiée par ellipses». «Trop peu» donc, «pour en faire le biopic définitif sur l’empereur».
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Dans les colonnes de Télérama, Jacques Morice ne semble pas davantage conquis par ce Napoléon, qu’il juge comme un «biopic lourdingue» où les batailles sont «à peu près la seule chose digne d’être sauvée». Entre les «inexactitudes» historiques, l’omniprésence du personnage de Joséphine de Beauharnais, comme «un fantasme projeté par Napoléon» ou un Joaquin Phoenix, «figé dans son rôle» et en qui «il est impossible de voir Napoléon», ce film «est une aberration».
Même constat dans la critique de Libération qui voit en Napoléon «un film tranquillement indécent». Olivier Lamm, très critique à l’égard d’un biopic qui «n’offre aucun point de vue, ni sur l’homme, ni sur le mythe» et met plutôt en valeur «l’orgueil et la misanthropie de son cinéaste». Une déception qui mène au regret, celui du temps des Duellistes (1977), premier long métrage de Ridley Scott et véritable chef-d’œuvre du cinéma du Britannique, devenu «grotesque».
Pour Le Monde , Ridley Scott «a eu du mal à se saisir de son héros». Jacques Mandelbaum regrette un Napoléon d’une «relative pauvreté» et dont le portrait offre une «relecture féministe du destin impérial» tant «les aléas de sa condition conjugale» dictent sa carrière.
Renaud Baronian du Parisien se montre un peu plus clément avec le dernier long métrage de Ridley Scott. Même s’il le juge est «trop court» (malgré les 2h39 de projection) et trop «british» pour dépeindre «les périodes phares de la vie de l’Empereur», il estime que le film «n’est pas mauvais pour autant» Renaud Baronian souligne «des scènes de batailles phénoménales» qui nous font nous «cramponner à notre siège». Il glisse également quelques éloges bien sentis à l’égard des acteurs du long-métrage. Un Joaquin Phoenix «impressionnant de gravité», Vanessa Kirby «toujours excellente» et l’interprétation fabuleuse du personnage de Paul Barras par Rupert Everett qui «vaut à elle seule le coup de voir le film».
De l’autre côté de la Manche, les critiques sont bien plus élogieuses. Le Telegraph parle d’une «œuvre idéale» si cette dernière venait à marquer la fin de carrière du réalisateur de 85 ans. Robbie Collin réussi même à trouver du bon dans «l’accent californien doux et non dissipé» de Joaquin Phoenix, qui renforce l’idée que Napoléon «n’a jamais vraiment pu se glisser dans le costume que le destin lui avait choisi». Dans le Guardian , Peter Bradshaw a visiblement adoré la prestation de l’acteur californien, qui livre une performance «aussi robuste que le verre des bourgognes qu’il boit à grande gorgée».