C’était l’événement. Des chaînes de télévision étaient présentes devant le théâtre Édouard VII, ce 4 octobre à 19h 40, pour le grand retour de Pierre Arditi, 78 ans, après sept jours de repos chez lui. Des journalistes interrogeaient les spectateurs à l’entrée.
«Oui, je suis une fan et j’aime les pièces divertissantes», répondait une Parisienne dont les places avaient été annulées, à la suite du malaise de l’acteur. «Une chose est sûre, ça ne va pas commencer à l’heure!» a remarqué un quinquagénaire en costume, visiblement arrivé directement du bureau. Le théâtre était bondé. Même les strapontins étaient occupés. «Nous, on vient pour les noms, Pierre Arditi et Muriel Robin», a lancé un jeune Toulonnais invité par son ami.
Les lumières se sont éteintes. Le rideau s’est levé sur Pierre Arditi, debout tout de noir vêtu au milieu d’un salon. Le public l’a immédiatement applaudi à tout rompre. Un courant de sympathie a traversé la salle.
On a sonné à la porte avec insistance. Élégante en chemisier blanc, Muriel Robin est entrée à son tour et a également été accueillie par des applaudissements. L’humoriste vient dîner chez son ami, comme tous les lundis, jours de relâche. « Comment ça va mon Pierrot ? », demande «Mumu». La salle éclate de rire. « Écoute, pas trop mal », répond celui-ci calmement.
La raison de l’absence de Pierre Arditi est dans tous les esprits. Chaque réplique est un prétexte pour pouffer. «Pierre est crevé! Ça se voit!», crie Muriel Robin. On va parler de petits problèmes de prostate…».
On comprend vite que les acteurs jouent des doubles d’eux-mêmes. Leurs «personnages» vont comprendre qu’ils ne sont pas seuls, mais ce serait dommage d’en dire plus. Vrai et faux, se mêlent dans cette comédie pleine de malice, d’humour et d’émotion. «Je vais avoir toute la mort pour me reposer!», prévient Pierre Arditi. Sur le plateau, il y a l’affiche du film Smoking no smoking pour lequel il a obtenu le César du meilleur acteur.
Regard pétillant, verbe alerte, le comédien qui avait peur de manquer de ressort semble avoir retrouvé toutes ses forces. Il est toujours aussi convaincant quand il se met en colère. Sa partenaire n’a rien à lui envier. «J’ai la trouille, mais c’est normal», avait-il confié il y a quelques jours. Mais sur scène, lui qui ne vit que pour le théâtre, revit.
Mercredi dernier, il avait été victime d’un malaise vagal et d’une hypoglycémie une vingtaine de minutes après le début de la représentation de Lapin, la pièce écrite pour lui et Muriel Robin par Samuel Benchetrit. Le théâtre avait été évacué et le Samu avait transporté l’acteur à l’hôpital Lariboisière, dans le 10e arrondissement à Paris. Il avait subi des examens, puis avait pu rentrer chez lui dans la nuit. «Ce n’est pas un AVC», avait-il précisé.
Lapin, jusqu’au 6 janvier 2024, au Théâtre Édouard VII 75009. Loc : 01 47 42 59 92.
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