«On est entre vieux ce soir, c’est cool !», lance Philippe Lellouche au public de La Madeleine. Dans la fosse et sur les balcons, la moyenne d’âge oscille entre 45 et 55 ans et ça tombe bien, l’humoriste a décidé de parler du bon vieux temps, celui que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.
Quoi de mieux pour emporter le public que d’attaquer son spectacle avec les années disco. «Pourquoi ça n’existe plus, c’était génial !». Dès les premières minutes, Lellouche redevient Philippe lorsqu’il parle de ses premières conquêtes, ses premiers slows et ses premiers baisers. Puis il évoque avec humour la relation avec son père distant : celui qui «fumait les fenêtres fermées dans sa 504» et qui ne disait pas «je t’aime».
Dans Stand Alone (Seul Debout), le comédien frôle l’habituel déballage de stéréotypes de la crise de la cinquantaine. Mais son côté novice du seul en scène le rend aussi attachant. À la frontière entre le one-man-show et le stand-up, Philippe Lellouche s’autorise quelques libertés avec le public, sans pour autant perdre le fil de son spectacle. «On fait ce qu’on veut maintenant. Certains changent de sexe, moi je change d’âge. Maintenant j’ai 35 ans», déclare-t-il. Philippe Lellouche peut rire de tout, sans trop risquer d’être clivant.
Le frère de Gilles Lellouche s’autorise notamment quelques critiques de la politique menée par l’actuelle maire de Paris. À ce sujet, il revient sur l’un de ses grands moments de solitude: lorsqu’il était en rodage de son spectacle à Nantes, il avait déjà critiqué l’ancienne candidate à l’élection présidentielle devant certains proches de Johanna Rolland, maire de Nantes et ancienne chef de campagne d’Anne Hidalgo. Une séquence très maladroite qui a installé une ambiance pesante. «J’ai senti une climatisation arriver vers moi», raconte-t-il.
Plus qu’un spectacle, c’est une thérapie que s’accorde le comédien pendant plus d’une heure sur scène. Après avoir réalisé et tourné dans des films, joué des pièces de théâtre et présenté une émission à la télévision (Top Gear France), il veut prouver une fois de plus à son père qu’il a bien fait de ne pas l’écouter quand il était jeune, lorsqu’il ne prenait pas au sérieux son envie de devenir comédien. Les dernières minutes de son spectacle n’ont pas pour but de faire rire, mais plutôt de rendre à son père un dernier hommage. Avant de quitter la scène, Philippe Lellouche enfile cette fois la casquette de chanteur en reprenant le titre d’Aznavour : Nous nous reverrons un jour ou l’autre.