«En quoi elle ne représenterait pas la France?», s’est interrogé Patrick Bruel au micro de BFMTV, jeudi, en marge de son concert à Paris. Elle, c’est Aya Nakamura, au cœur d’une virulente polémique, largement nourrie par l’extrême droite, entourant son éventuelle participation à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques.

«Moi je serai ravi de l’entendre chanter Édith Piaf. En plus, elle sortira de sa zone de confort, ce sera un peu différent de ce qu’elle fait. Et je suis sûr qu’elle y prendra beaucoup de plaisir et nous aussi», a ajouté le chanteur, précisant qu’il préférait ne pas «imaginer les raisons pour lesquelles il y a cette polémique…»

Depuis les révélations de L’Express , fin février, sur la potentielle participation de la chanteuse franco-malienne à la cérémonie d’ouverture, les critiques de l’extrême droite s’amplifient contre Aya Nakamura. Face à cette hostilité, la chanteuse de 28 ans a exprimé son irritation sur les réseaux sociaux: «Vous pouvez être racistes mais pas sourds… C’est ça qui vous fait mal. Je deviens un sujet d’état numéro 1 en débats, etc. mais je vous dois quoi en vrai ? Kedal », a-t-elle rétorqué.

Aya Nakamura peut compter sur bon nombre de soutiens, à l’instar de Patrick Bruel. Mercredi, au micro de RTL, Benjamin Biolay a manifesté son soutien à la chanteuse: «Je pense qu’Aya Nakamura qui chante Piaf, ça peut être beau ! Ça peut être un truc incroyable parce qu’elle la chante vraiment très bien, a affirmé le chanteur. Mais bon, ils [“les fachos”] diront toujours qu’elle chante mal de toute façon. C’est pas leur problème, la vérité. L’idée, c’est de monter les gens les uns contre les autres», a-t-il ainsi déclaré emboîtant le pas à d’autres artistes.

Le chanteur franco-congolais Dadju, notamment, un des poids lourds du RnB en France, a pris la parole sur X le 10 mars, accusant le collectif identitaire des Natifs de «lyncher la plus grosse artiste du pays avec des arguments de CM1. C’était même pas un combat mais maintenant, faut qu’elle chante, nous on va soutenir, a-t-il écrit. C’est pas Bamako, c’est pas Bamako. Bande de chiens.»

Des mots qui ont touché la chanteuse qui a repris la parole sur les réseaux sociaux pour exprimer sa gratitude : «Merci pour le soutien, surtout à ma commu J’ai l’impression de vous avoir fait découvrir Edith Piaf et qu’elle s’est réincarnée en moi Le reste, qu’ils nous aiment ou pas c’est leurs dos.»

Alexandre Lasch, le responsable du Snep, a rappelé la présence de la chanteuse «dans le top des ventes de 46 pays», affirmant qu’elle est «un instrument du soft power français» et que «les polémiques indignes n’y changeront rien». À l’occasion d’une audition générale qui s’est tenue mardi devant la commission de la Culture, de l’Éducation, de la Communication et du Sport, Rachida Dati, la ministre de la Culture a mis en garde contre «les prétextes pour s’attaquer à quelqu’un par pur racisme». «S’attaquer à une artiste pour ce qu’elle est, est inacceptable. C’est un délit», s’est-elle exclamée. Sur les réseaux sociaux, Amélie Oudea-Castera, la ministre des Sports a aussi réagi, apportant son soutien à la chanteuse : «Peu importe comme on vous aime, chère Aya Nakamura, foutez-vous du monde entier».